Le président américain Barack Obama était proche d'obtenir du Congrès les pouvoirs accrus de négociation commerciale qu'il réclame, après l'échec mardi d'une ultime tentative d'obstruction de sénateurs démocrates.

Le Sénat, dominé par les républicains, a voté par 60 voix contre 37, lors d'un vote de procédure, en faveur d'une proposition de loi créant un mécanisme accéléré pour la ratification des futurs accords de libre-échange négociés par l'exécutif.

La majorité des démocrates, alliés aux syndicats et à de nombreuses ONG écologistes, s'y sont opposés, mais une dizaine ont appuyé la majorité républicaine, alliée exceptionnelle de Barack Obama dans le dossier du libre-échange.

Cet obstacle passé de justesse, les sénateurs pourront passer d'ici mercredi à l'adoption finale de ce texte, et clore par un succès pour Barack Obama un débat qui a déchiré le parti démocrate ces dernières semaines.

La Chambre des représentants, à majorité républicaine, avait adopté le texte jeudi malgré une rébellion de la quasi-totalité du groupe démocrate.

Le mécanisme accéléré que les élus adopteront forcera le Congrès à approuver ou rejeter, sans possibilité de modification ni d'obstruction, tout futur accord commercial négocié par le président américain.

La méthode permet d'éviter un troisième round de négociations dans lequel les parlementaires détricoteraient à leur guise les complexes accords conclus avec les pays étrangers.

Tous les présidents américains depuis 40 ans ont bénéficié de telles facilités pour conclure des accords, notamment avec le Mexique et le Canada en 1993 (Nafta) et la Corée du Sud (2011). Avec la nouvelle loi, Barack Obama et son successeur en profiteront potentiellement jusqu'en 2021, ce qui devrait profiter à l'accord en gestation avec l'Union européenne.

Mais premier à l'ordre du jour figure le partenariat transpacifique (TPP), présenté comme le plus grand accord commercial de l'histoire, et que Barack Obama veut signer avant de quitter la Maison-Blanche en janvier 2017. Douze pays du pourtour pacifique, dont le Japon, le Chili et la Malaisie, en font partie, un espace de libre-échange appelé à contrecarrer l'influence chinoise dans la région Asie-Pacifique.

Illustrant l'ampleur de l'opposition au futur TPP dans les cercles progressistes, l'acteur américain Mark Ruffalo, qui joue Hulk dans les films Avenger, a dénoncé dans un communiqué lundi un accord mettant «les bénéfices des entreprises au-dessus de notre climat, de notre air et des règles de protection de l'eau». Les ONG craignent une remise en cause des normes environnementales dans le cadre du TPP.

Le vote de mardi n'a été rendu possible qu'en échange de l'engagement des chefs républicains du Congrès à également adopter, d'ici la fin de la semaine, une loi reconduisant un programme d'aides aux travailleurs affectés par de précédents accords de libre-échange, et qui était la condition non négociable fixée par les quelques démocrates pro-commerce.

Les 12 pays du TPP sont: Australie, Brunei, Canada, Chili, États-Unis, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour et Vietnam.