Les drapeaux étaient en berne en Caroline du Sud après la tuerie de Charleston, à l'exception notable du drapeau confédéré qui flotte devant le siège du parlement local, relançant la controverse autour de ce symbole du passé esclavagiste aux États-Unis.

Le massacre de mercredi, avoué par Dylann Roof, âgé de 21 ans, a fait neuf victimes noires dans une église emblématique de la lutte contre l'esclavage.

Pourtant, sur l'esplanade du Parlement situé à Columbia, capitale de la Caroline du Sud, le drapeau confédéré continue de voler haut, 150 ans après la défaite du sud esclavagiste lors de la guerre de Sécession.

Dylann Roof, un jeune blanc au visage encore juvénile qui s'était invité dans une séance d'étude biblique pendant une heure mercredi soir avant d'ouvrir le feu à l'arme automatique, fait partie de ces Américains sudistes qui s'identifient encore au drapeau à treize étoiles rouge, blanc et bleu.

Dans une photo publiée jeudi sur Twitter par un journaliste local, on voit le jeune homme affalé sur sa Hyundai des années 90, qui arbore un parechoc qui célèbre les «États confédérés américains» («Confederate States of America») et qui fait une large place au drapeau.

Hasard du calendrier, la Cour suprême a débouté jeudi l'organisation d'anciens combattants «Sons of Confederate Veterans» qui voulait pouvoir faire fabriquer une plaque minéralogique à l'effigie du drapeau confédéré.

«C'est un triste jour pour le Premier Amendement», protégeant la liberté d'expression, «pour le respect mutuel et la construction de ponts entre les Américains qui ont des opinions différentes», a réagi l'organisation.

La plupart des commentateurs focalisent leur indignation sur le drapeau flottant toujours devant le siège du Parlement de Caroline du Sud.

«La lâcheté morale requiert choix et action», a écrit sur un blogue Ta-Nehisi Coates, un afro-américain, correspondant du magazine The Atlantic. «Baissez ce drapeau. Baissez-le immédiatement».

Mais cette décision, rappellent les responsables de l'État, n'est du ressort que du Parlement local dans son ensemble.

L'une des victimes de la tuerie à l'église Emanuel, le pasteur Clementa Pinckney, âgé de 41 ans et député local depuis 2000, aurait par exemple pu être amené à voter cette mesure.

Interdit en Californie

Symbole durable de la fierté et de l'héritage du sud pour ses soutiens, celui du racisme et de la théorie de la suprématie blanche pour ses détracteurs, le drapeau confédéré divise à nouveau l'Amérique.

«Le drapeau confédéré représente tous les confédérés du sud, et même du nord, quelque soit leur race ou leur religion et est le symbole de moins de gouvernement, moins de taxes et du droit du peuple à se gouverner lui-même», estime Dixie Outfitters, un détaillant de produits dérivés du symbole, en Virginie.

Selon un sondage du Pew Research Center en 2011, seuls 9 % des Américains étaient à l'aise en regardant le drapeau, contre 30 % à réagir négativement et une majorité de 58 % à être neutres.

Mais 41 % des Noirs avaient un ressenti négatif, les renvoyant au passé ségrégationniste et esclavagiste.

Les avis sont encore plus tranchés en Caroline du Sud, autrefois capitale du commerce d'esclaves.

Dans un sondage de 2014, trois habitants blancs sur quatre considéraient que le drapeau devait continuer de flotter sur leur Parlement, tandis que 61 % des Noirs demandaient l'inverse.

Depuis janvier 2015, en Californie, le drapeau controversé ne peut plus être hissé par les autorités en vertu d'une loi initiée par un député noir.

Le Mississippi, lui, reste le seul État qui arbore des références sur son propre drapeau officiel. Une tentative de changement a été vite balayée lors d'un référendum en 2001.

L'association anti-diffamation (Anti-defamation league), surtout connue pour son combat contre l'antisémitisme, a expliqué que le drapeau confédéré est populaire parmi les tenants de la suprématie blanche, aux États-Unis comme à l'étranger.

Mais ajoute sur son site internet: «En raison de l'utilisation encore aujourd'hui du drapeau par des personnes non extrémistes, on ne peut pas automatiquement considérer que hisser ce drapeau est raciste ou (une revendication de la) suprématie blanche par nature. Le symbole doit être jugé selon le contexte».

PHOTO TIRÉE DE TWITTER

Dans une photo publiée jeudi sur Twitter par un journaliste local, on voit le jeune homme affalé sur sa Hyundai des années 90, qui arbore un parechoc qui célèbre les «États confédérés américains».