Que ce soit sur Google ou Twitter, Barack Obama semble inspirer les racistes enclins à utiliser ce que les Américains appellent le n-word.

Au cours des derniers jours, il était possible, à Washington, d'entrer dans la barre de recherche du service de cartographie en ligne Google Maps les mots «nigger house» (maison du nègre) ou «nigger king» (roi nègre) pour voir apparaître la Maison-Blanche.

À l'extérieur de Washington, il suffisait d'ajouter les mots «DC» ou «Washington» pour obtenir le même résultat.

Google a fini hier par corriger cette situation signalée mardi par le Washington Post et pour laquelle le géant de l'internet a présenté ses excuses le lendemain.

«Certains résultats déplacés, qui n'ont rien à faire là, ont fait surface sur Google, et nous nous excusons auprès de ceux qui ont été offensés», a déclaré le porte-parole de l'entreprise.

Google n'a pas expliqué l'origine du problème. Mais son service de cartographie fait face à un nombre croissant d'attaques depuis quelques mois. Il a notamment dû s'excuser pour l'apparition d'un logo d'Android en train d'uriner sur celui d'Apple sur la carte Google Maps d'une région du Pakistan.



Sur Twitter aussi

Cela dit, Google n'est pas le seul endroit sur l'internet où les racistes peuvent prendre pour cible le premier président noir des États-Unis. Plusieurs d'entre eux se sont donné rendez-vous sur le compte Twitter lancé lundi par Barack Obama à titre de locataire de la Maison-Blanche (@POTUS).

À peine 10 minutes après le tweet inaugural de @POTUS, le premier d'une longue liste de n-words est apparu dans les réponses, suivi par des menaces et des insultes diverses. Un des internautes a réussi à combiner l'épithète raciste avec un voeu haineux: «Attrape le cancer, le nègre.»

Un autre a truqué la fameuse affiche de l'artiste Shepard Fairey en y remplaçant le mot «HOPE» (espoir) par «ROPE» (corde) et en y ajoutant un noeud coulant autour du cou de Barack Obama.

«Nous avons encore la pendaison pour la trahison, n'est-ce pas?», a écrit cet internaute qui a publié son message sous le nom de Jeff Gully.

Jessie Daniels, professeure de santé publique au Hunter College de New York, n'a pas été surprise par les réponses racistes suscitées par le premier tweet de Barack Obama.

«C'est seulement surprenant si l'on pense que le racisme est chose du passé. En fait, le racisme est un élément fondateur des États-Unis et s'est poursuivi pendant l'élection et la présidence d'Obama», dit Mme Daniels, auteure de Cyber Racism, un livre sur le racisme dans les nouveaux médias.

La professeure ne serait pas étonnée d'apprendre qu'un ou plusieurs des internautes qui ont proféré des menaces à l'endroit du président sur son fil Twitter reçoivent la visite d'agents des services secrets.

«Il y a une fausse perception qui fait croire à certains qu'ils peuvent dire n'importe quoi parce qu'ils sont cachés derrière un écran, dit-elle. Mais il y a des restrictions à l'exercice de la liberté d'expression aux États-Unis, notamment lorsque vous menacez quelqu'un de violence et particulièrement lorsque cette personne est le président en fonction. Et ce n'est pas un pseudonyme qui empêchera les services secrets de vous retrouver.»