Plusieurs milliers de personnes manifestaient dans le calme mercredi soir à Baltimore, New York et dans plusieurs villes de l'est des États-Unis pour réclamer justice après la mort de Freddie Gray, un jeune Noir, et protester contre les violences policières.

Les manifestants marchaient «sans heurt ni incident majeur», a précisé la police de Baltimore, même s'ils ont bloqué plusieurs artères du centre-ville.

Elle a toutefois procédé à 18 arrestations dont celles «de 16 adultes pendant la journée», ainsi que «de deux mineurs», a ajouté le chef de la police Anthony Batts lors d'un point presse.

Au moment de l'entrée en vigueur du couvre-feu auquel la ville est soumise, à 22H00, des centaines de personnes occupaient encore le centre de Baltimore. Il prendra fin à 05H00.

«Pas de justice, pas de paix», scandaient les manifestants, parmi lesquels des étudiants et des lycéens, et chantaient: «envoyez ces policiers tueurs en prison, tout le foutu système est coupable».

Sur une des nombreuses pancartes, on pouvait lire: «Les policiers assassins méritent la cellule».

Jonathan Brown, un étudiant de 19 ans, a déclaré à l'AFP: «nous manifestons contre les injustices commises par la police contre les hommes noirs. La police a la gâchette facile. Ça suffit! »

Les manifestants avaient atteint l'hôtel de ville de Baltimore vers 19h, où sont présentes de très nombreuses forces de police et où des barricades ont été placées.

Plusieurs centaines de manifestants se sont également rassemblés à New York pour demander justice après la mort à Baltimore de Freddie Gray, un Noir de 25 ans dans des circonstances encore inexpliquées.

Il est décédé le 19 avril des suites d'une fracture des vertèbres cervicales, une semaine après son interpellation par la police, réveillant des tensions raciales latentes suite à une série de bavures policières visant la communauté noire américaine.

Les New-Yorkais ont commencé à se réunir à partir de 18H00 locales à Union Square, dans le sud de Manhattan, suite à un appel lancé sur la page «NYC se bouge et soutient Baltimore» sur Facebook.

Plusieurs d'entre eux ont été arrêtés par la police, qui n'a pas souhaité dire combien étaient détenus. Selon CNN, plusieurs dizaines de manifestants seraient en garde à vue.

Une manifestation qui a rassemblé jusqu'à 1000 personnes, pour la plupart des jeunes, a fini sa marche devant la Maison-Blanche à Washington, en scandant «ces policiers racistes doivent partir», a constaté l'AFP.

«Regardez combien de Noirs ont été tués par des policiers ce mois. Il y en a trop», s'est indigné William Parshay, 27 ans.

Miyeah Cook, 17 ans, est lui déçu d'être «littéralement escorté par la police» pendant cette manifestation. «Ça ne nous aide pas beaucoup.»

Une petite manifestation s'est également tenue à Boston, selon des médias américains.

Fracture latente 

Plusieurs enquêtes, internes ou indépendantes, ont été ouvertes pour déterminer les conditions dans lesquelles Freddie Gray a été blessé aux vertèbres cervicales et ce qui a causé sa mort, mais de nombreux habitants de Baltimore, et plus largement aux États-Unis, estiment qu'il ne s'agit que du dernier exemple en date des brutalités policières auxquelles ils sont régulièrement confrontés.

Dans la nuit de mardi à mercredi, trente-cinq personnes ont été arrêtées à la suite de heurts après l'entrée en vigueur du couvre-feu, qui doit durer une semaine à Baltimore, a annoncé plus tôt mercredi la police de la ville.

La police avait lancé des fumigènes et des bombes au poivre pour disperser quelques dizaines de récalcitrants qui n'avaient pas évacué les rues.

Mais rien de comparable aux émeutes qui ont secoué la ville lundi, juste après la cérémonie d'hommage à Freddie Gray, pendant lesquelles des bandes de jeunes ont en particulier incendié bâtiments et voitures, saccagé des magasins. Une vingtaine de policiers avaient été blessés.

Selon la police, sur les 209 personnes arrêtées entre lundi après-midi et lundi soir, 111 attendaient encore d'être inculpées mercredi.

Barack Obama, premier président noir des États-Unis, a condamné mardi les violences qui avaient enflammé la ville de 620 000 habitants lundi, mais admis qu'elles étaient révélatrices d'une fracture latente entre la jeunesse noire et la police.

«Nous avons vu trop d'exemples d'interactions entre la police et (...) des gens, surtout des Afro-américains, souvent pauvres, qui soulèvent des questions troublantes», a-t-il déclaré.

Plusieurs faits divers ces derniers mois, où des Noirs non armés ont été tués par des policiers blancs, avaient provoqué des manifestations qui ont parfois viré aux émeutes, notamment à Ferguson (centre).

Baltimore, l'une des villes les plus violentes des États-Unis au début des années 1990, avait connu un certain retour au calme depuis plusieurs années.