Premier candidat d'envergure à se lancer officiellement dans la course à l'investiture républicaine, le sénateur du Texas et figure du Tea Party Ted Cruz a appelé la base évangélique du parti à se mobiliser pour porter un conservateur à la Maison-Blanche.

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À 44 ans, Ted Cruz a confirmé sa candidature, initialement tweetée, lors d'un discours à la Liberty University à Lynchburg, en Virginie, dans l'est du pays, une grande université chrétienne fondée par le révérend baptiste Jerry Falwell.

Son annonce précoce pourrait l'aider à combler son retard de notoriété, encore important face à des poids lourds comme Jeb Bush, qui tout en levant des fonds n'a toujours pas franchi le pas d'une déclaration.

«Le temps est venu de la vérité, le temps est venu de la liberté. Il est temps de reprendre possession de la Constitution», a déclaré Ted Cruz, devant des milliers d'étudiants. «Je crois que Dieu n'en a pas fini avec l'Amérique».

«Je crois en vous. Je crois au pouvoir de millions de conservateurs courageux qui se lèvent pour renouveler la promesse de l'Amérique, et c'est pourquoi j'annonce aujourd'hui que je suis candidat à la présidence des États-Unis», a-t-il lancé.

Au plafond de l'arène, une immense banderole: «Le CHRIST: la Voie de DIEU vers le CIEL».

La déclaration précède de dix mois le début des primaires, dans l'État de l'Iowa, qui conduiront à l'investiture du candidat républicain à la présidentielle de novembre 2016, à laquelle Barack Obama ne peut pas se représenter.

Aucun démocrate ne menace sérieusement Hillary Clinton, grande favorite de l'investiture après son échec de 2008. Sa candidature est attendue en avril.

Ted Cruz, sénateur depuis 2013, se positionne à droite du parti républicain, où son intransigeance le place régulièrement en porte-à-faux avec ses aînés mais l'a transformé en héros du Tea Party, le mouvement ultra-conservateur né au début de l'ère Obama.

Père cubain 

Reprenant les critiques du camp conservateur contre le président américain, Ted Cruz a dénoncé la réforme du système de santé adoptée en 2010, Obamacare, qu'il a une nouvelle fois promis d'abroger.

Président, il abolirait aussi le fisc américain. Il a condamné les régularisations de sans-papiers annoncées par Barack Obama en novembre, et qu'il qualifie «d'amnistie exécutive anticonstitutionnelle».

Son discours lui a aussi permis de se confronter à un public de jeunes électeurs, un groupe où son rival Rand Paul, sénateur du Kentucky, est réputé plus populaire.

Ted Cruz «n'a pas peur de blesser les gens», dit Eli Seale, qui étudie à Liberty. «Il a défendu ses valeurs, c'est important pour moi, car d'habitude les gens disent ce qu'on a envie d'entendre».

Excellent orateur, il fut l'avocat de l'État du Texas devant la Cour suprême de 2003 à 2008, un poste qui l'amena à défendre des causes conservatrices.

Pour illustrer son message sur la «promesse américaine», Ted Cruz, né au Canada, a longuement évoqué son père, Rafael Cruz, un Cubain qui a combattu et fui le Cuba de Batista dans les années 1950.

«Sa mère et moi étions en larmes. Il n'y a qu'en Amérique que cela peut arriver», a dit à l'AFP Rafael Cruz, présent à Lynchburg.

«Aujourd'hui, environ la moitié des chrétiens born again ne votent pas», a déploré Cruz fils. «Imaginez si, à la place, des millions de personnes partout en Amérique allaient voter pour nos valeurs».

Pour émerger dans la course à l'investiture, le républicain devra compter sur la base militante, les hiérarques du parti le considérant comme un élément perturbateur.

John McCain, candidat républicain à la présidentielle de 2008, avait publiquement raillé Ted Cruz et deux autres membres du Tea Party, les qualifiant «d'oiseaux cinglés de la droite», des propos qu'il avait ensuite regrettés.

Pour les démocrates, Ted Cruz n'est que le représentant de la plus extrême des factions du parti républicain.

«Imaginez si Ted Cruz gagnait: des millions d'Américains perdant leur accès à une assurance santé abordable et de qualité (...) Imaginez des baisses d'impôts pour les entreprises riches et puissantes», a déclaré Michael Tyler, porte-parole du parti démocrate.