Un détenu égyptien de Guantanamo, obèse et malade, a été décrété «libérable» mercredi par une commission gouvernementale de révision de la situation des hommes enfermés dans cette prison que Barack Obama a promis de fermer.

Le comité, composé de représentants de six ministères ou agences du gouvernement américain, a annoncé, dans un communiqué, que Tariq El-Sawah, 57 ans, n'était plus considéré comme une menace pour la sécurité des États-Unis et pouvait être transféré dans un pays doté d'«infrastructures médicales appropriées».

L'Egyptien, que la justice militaire envisageait un temps de renvoyer devant ses tribunaux à Guantanamo, est désormais considéré comme «l'un des détenus les plus obéissants» et «recommandé pour transfert», comme l'ont été avant lui 54 autres des 122 hommes enfermés à Guantanamo.

Le PRB (Periodic Review Board) a tenu compte à la fois de son «changement d'idéologie, sa renonciation à la violence ainsi que de sa situation médicale et de ses efforts pour l'améliorer», selon le communiqué.

«Le détenu n'est pas en contact avec les extrémistes en dehors de Guantanamo et sa famille s'est engagée à l'aider dans sa réintégration après son transfèrement», ajoute le PRB.

Arrêté en décembre 2001 à la frontière pakistano-afghane et transféré à Guantanamo en mai 2002, El-Sawah a reconnu avoir enseigné les techniques d'explosifs dans un camp d'Al-Qaïda où Oussama ben Laden l'avait «personnellement félicité pour son bon travail», selon sa fiche confidentielle dévoilée par WikiLeaks.

«Le détenu est surveillé de près pour des problèmes de santé chroniques et significatifs: il est atteint d'obésité morbide avec pour résultantes un taux élevé de cholestérol, du diabète, une maladie du foie non-liée à l'alcoolisme et des maux de dos chroniques avec sciatique», estimait déjà le Pentagone, dans ce document de 2008.

Sa santé pourrait accélérer sa libération mais rien n'indique pour l'heure que le gouvernement ait trouvé un pays d'accueil. Les départements d'État et de la Défense travaillent à convaincre des pays tiers pour recevoir des détenus de Guantanamo, jugés «libérables».

Barack Obama a promis de fermer la prison mais doit, pour ce faire, transférer les 55 détenus «libérables» (une majorité de Yéménites qui ne peuvent pas rentrer au Yémen pour raisons de sécurité), continuer à revoir la situation d'une quarantaine d'autres devant le PRB, et convaincre le Congrès qu'il accepte que les hommes ne rentrant pas dans ces catégories puissent être jugés et incarcérés aux États-Unis. Ce à quoi les parlementaires républicains s'opposent fermement.

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