A peine la crise budgétaire terminée, le président américain Barack Obama a appelé le Congrès à terminer la réforme du système d'immigration, entamée au printemps, mais ses adversaires républicains du Congrès ne partagent pas le même enthousiasme.

«Nous devons terminer le travail et réparer notre système d'immigration, qui est cassé», a déclaré Barack Obama jeudi. «Commençons les négociations. Mais ne laissons pas le problème s'envenimer pour encore un, deux ou trois ans. On peut le faire, et il faut le faire avant la fin de l'année».

La réforme a déjà accompli la moitié du chemin. En juin, le Sénat, dominé par les alliés démocrates de Barack Obama, a adopté un projet de loi historique qui conduirait à la régularisation immédiate et à la naturalisation de millions de sans-papiers, en majorité mexicains, en 13 ans minimum, et sous conditions.

Le plan du Sénat, adopté avec l'appui de républicains, fortifierait encore plus la frontière avec le Mexique et réorganiserait le système de visas pour donner la priorité aux professions en forte demande, comme les ingénieurs mais aussi les travailleurs agricoles.

Mais dans l'autre moitié du Congrès, à la Chambre des représentants, les républicains disposent de la majorité et sont plus hostiles à ce que beaucoup qualifient d'«amnistie» pour les millions d'étrangers en situation irrégulière.

Selon les démocrates, la réforme migratoire est l'occasion de redorer l'image des conservateurs, jugés responsables de la récente paralysie à Washington et dont la cote de popularité a chuté cet automne.

«C'est une occasion en or», dit Maria Cardona, consultante politique proche des démocrates. «Nous disposons d'une fenêtre d'un ou deux mois pour que la Chambre vote la réforme».

«Pas cette année»

Mais beaucoup d'élus estiment au contraire que le psychodrame budgétaire risque d'avoir vexé les républicains, qui ne seraient pas prêts à donner à Barack Obama une nouvelle victoire législative.

«Cela n'arrivera pas cette année», affirmait cette semaine le représentant Raul Labrador, proche du Tea Party. «Etant donnée la façon dont le président s'est comporté dans les deux ou trois dernières semaines, en refusant de parler avec le président de la Chambre (...), ils n'obtiendront pas de réforme de l'immigration», a-t-il assuré, selon USA Today.

«Je ne pense qu'il y ait grand monde dans notre camp qui ait envie de s'intéresser à la réforme de l'immigration, ou tout dossier politique autre que la réduction des déficits», expliquait le représentant Aaron Schock mercredi.

Une partie du camp républicain est favorable à une réforme, qui représente une chance de reconquérir l'électorat hispanique, appelé à peser de plus en plus dans les futures élections et aujourd'hui largement acquis aux démocrates.

Le renforcement des frontières, l'amélioration des contrôles dans les entreprises pour empêcher les sans-papiers d'être embauchés, et l'augmentation du nombre de visas pour les travailleurs hautement qualifiés sont des mesures consensuelles, et la Chambre pourrait les adopter individuellement.

Mais la naturalisation des sans-papiers est le principal point de blocage, et les démocrates refusent toute réforme qui n'inclurait pas de régularisations.

«Il faut être réaliste sur ce que la Chambre peut soutenir», a reconnu sur Fox News le sénateur républicain d'origine cubaine Marco Rubio, l'un des défenseurs les plus actifs de la réforme. Mais, selon lui, «il y a des choses sur lesquelles, franchement, il sera plus difficile de trouver un consensus, et encore plus difficile maintenant, (...) vue la façon dont la Maison-Blanche et les démocrates se sont comportés ces trois dernières semaines. On ne peut pas ignorer le fait que ce sera un facteur».