L'incendie qui fait rage depuis neuf jours en Californie près du parc naturel de Yosemite, l'une des principales attractions touristiques des États-Unis, se rapprochait lundi du réservoir qui fournit l'essentiel de l'eau courante pour la région de San Francisco.

Le gigantesque brasier baptisé «Rim Fire», qui a déjà détruit plus de 60 000 hectares et est enregistré comme le 13e plus grand feu que la Californie ait connu depuis 1932, n'a pas fait de victimes à ce stade. Il ne menace pas pour l'instant directement le célèbre parc Yosemite, dont les séquoias géants font le bonheur des touristes.

Mais les pompiers ont énormément de mal à contenir les flammes, alimentées par une grande sécheresse et des rafales de vent importantes.

Et la région de San Francisco, située à environ 350 kilomètres plus à l'ouest, se tient nerveuse face au risque de subir les conséquences indirectes du sinistre.

«Rim Fire» se rapproche en effet à grands pas du vaste réservoir Hetch Hetchy qui fournit la plus grande partie des besoins en eau des 2,6 millions d'habitants de la baie de San Francisco. Une carte sur le site officiel d'informations sur les incendies Inciweb montre le brasier dangereusement près du réservoir.

La commission des services publics de San Francisco a assuré dans un communiqué dimanche qu'il n'y avait «aucun changement ni aucun impact sur la qualité ou l'acheminement de l'eau depuis le réservoir de Hetch Hetchy», soulignant que celui-ci continuait de fournir «de l'eau de grande qualité» aux millions d'habitants de la baie.

Les images des environs de l'incendie sont impressionnantes: d'énormes nuages de fumée grise surplombent comme une ombre menaçante habitations, voitures et commerces des villes alentour comme Groveland. D'autres montrent des habitants brandissant au bord des routes des pancartes avec en inscription «merci» aux pompiers qui mettent leur vie en danger.

Écoles fermées

Le gouverneur de Californie Jerry Brown avait déclaré en fin de semaine dernière l'état d'urgence pour San Francisco, car la ville est en outre alimentée en grande partie par l'électricité provenant de la région affectée par les flammes. Deux des trois centrales hydroélectriques de cette zone ont ainsi dû être fermées en raison de l'avance du feu.

Équipés jusqu'aux dents, une armée de 3000 pompiers --dont certains ont été dépêchés depuis la Floride, à l'autre bout du pays-- luttent en effet nuit et jour, aux côtés d'hélicoptères et avions canadairs, pour venir à bout du brasier, mais ils n'étaient lundi parvenus à contenir que 15% des flammes, selon Inciweb.

Le feu s'étend à vue d'oeil: il a triplé de taille de mercredi à jeudi, puis a doublé de jeudi à vendredi, ont précisé les autorités.

De crainte que l'incendie ne prenne encore plus d'ampleur, les responsables locaux se préparent à la possibilité de devoir ordonner des évacuations parmi les 4500 maisons menacées.

Les autorités du comté de Tuolumne, d'où est parti le feu et où le gouverneur Brown a déclaré l'état d'urgence la semaine dernière, ont annoncé que toutes les écoles seraient fermées lundi et mardi alors que les cours viennent de reprendre.

«Nous pensons qu'il est plus sûr pour la sécurité des enfants de fermer les écoles», a justifié Joseph A. Silva Jr., un responsable du comté, cité dans le New York Times.

L'incendie a démarré le 17 août pour une raison indéterminée dans la Stanislaus National Forest du comté de Tuolumne, à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest du parc Yosemite.

Le feu cause de lourdes inquiétudes au comté, dont l'économie est largement dépendante de l'activité touristique du parc. S'étendant sur plus de 3000 km2, Yosemite est célèbre pour ses arbres, ses chutes d'eau, ses chemins de randonnée à perte de vue et ses animaux sauvages. Il reçoit chaque année des millions de visiteurs.

Selon le Service des parcs nationaux, «la majorité du parc» n'est pas touchée par Rim Fire et reste «relativement sans fumée», mais «les conditions peuvent changer si les vents tournent».