Un célèbre collectionneur de vins, longtemps considéré comme un grand expert aux Etats-Unis, a comparu mercredi à New York, accusé d'avoir contrefait et vendu pendant des années des grands crus français qui n'en étaient pas.

Rudy Kurniawan, 36 ans, écroué depuis son interpellation il y a un an, a plaidé non coupable, après que les chefs d'accusation initiaux eurent été légèrement modifiés.

Son procès a été fixé au 9 septembre par le juge Richard Berman, mais il pourrait être repoussé si certains témoins de l'accusation ne peuvent venir témoigner durant la saison des vendanges.

Kurniawan, né en Indonésie, était vêtu d'un sobre costume beige de prisonnier, à des années lumières de la vie flamboyante qu'il menait jusqu'à son arrestation l'an dernier à Los Angeles.

Il y était devenu ces dernières années une personnalité réputée des ventes aux enchères spécialisées, tant en Californie qu'à New York, collectionneur de vins rares qui se vantait d'être un «nez» capable de reconnaître les contrefaçons de vins rares et réputés.

Il avait la confiance de clients richissimes auquel il avait vendu pour des millions de dollars de vins, et menait la grande vie, collectionnant les voitures de luxes, les oeuvres d'art et les montres.

«Il était devenu l'un des négociants les plus connus et prolifiques des États-Unis», selon l'acte d'accusation.

Mais son expertise cachait une fâcheuse propension à mettre des vins bon marché dans des bouteilles portant les étiquettes de vins français légendaires, Bordeaux et Bourgogne, lors d'un trafic qui a duré de 2004 à 2012.

Lors de son arrestation, le FBI a découvert à son domicile un véritable atelier de contrefaçon, avec bouteilles, étiquettes et bouchons. C'est là qu'il «mélangeait des vins peu coûteux pour imiter le goût et le caractère de vins rares et beaucoup plus chers», selon l'acte d'accusation.

«Il les versait ensuite dans des bouteilles vides de vins rares et chers», ajoutait un bouchon et «une étiquette contrefaite».

Collection d'étiquettes des plus grands crus

Pour ce faire, il se faisait livrer des bouteilles vides, collectionnant des étiquettes des plus grands crus parmi lesquels Chateau Lafite Rothschild, Chateau Mouton Rothschild, Chateau Latour, Chateau Margaux, Chateau Haut Brion ou encore Domaine Ponsot.

Il avait ainsi réussi à vendre en 2006 une fausse bouteille du Domaine de la Romanée-Conti pour 12 925 dollars.

Mais sa chance avait commencé à tourner en 2008, quand il avait essayé de vendre aux enchères en 2008 à New York 84 bouteilles de faux grand cru du Domaine Ponsot, dont le prix de vente avait été estimé à environ 600 000 dollars.

Parmi celles-ci, une une bouteille de Domaine Ponsot présentée comme étant de 1929, alors que les premières mises en bouteille sur le domaine ont eu lieu en 1934. D'autres vins étaient présentés comme du Clos Saint-Denis, du même domaine, mis en bouteille entre 1945 et 1971, alors que la production de ce vin n'a commencé qu'en 1982.

Les vins avaient été retirés de la vente à la demande des propriétaires du domaine.

M. Kurniawan avait également essayé en 2011 de vendre aux enchères à Londres, via un homme de paille, 78 bouteilles de faux grand cru du domaine de la Romanée-Conti, estimées à 736 500 dollars.

Le procureur Jason Hernandez a précisé mercredi durant l'audience que le procès permettrait de présenter des centaines de preuves matérielles de son trafic.

«Des bouteilles par exemple». Dont un Jéroboam (3 litres soit quatre bouteilles classique).

C'est «vraiment une grosse bouteille de vin», a ensuite expliqué le procureur au juge.