Le type de fusil semi-automatique utilisé par Adam Lanza pour abattre 20 enfants et 6 adultes le 14 décembre dans une école américaine restera en vente libre, après la décision mardi des élus démocrates au Sénat d'abandonner une mesure visant à interdire les armes d'assaut.

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Mesure phare présentée par le président Barack Obama dans la foulée du massacre de l'école de Newtown dans le Connecticut, le 14 décembre, le projet d'interdiction des armes d'assaut n'a pas survécu à l'opposition ferme des défenseurs du droit à porter une arme, chez les républicains mais aussi du côté démocrate.

Dans un pays où la Cour suprême a garanti le droit de chaque citoyen à détenir une arme pour se défendre, 34% des foyers possèdent des armes à feu, selon une étude General Social Survey publiée la semaine dernière.

Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, a confirmé mardi ce que beaucoup savaient depuis des mois: le texte ne dispose pas du soutien nécessaire pour survivre, et la proposition de loi sera donc détachée du reste des propositions de réforme sur lesquelles le Sénat devrait voter dans les prochaines semaines.

Le texte sera soumis au vote indépendamment sous la forme d'un amendement qui devrait être rejeté.

Dianne Feinstein, la sénatrice démocrate à l'origine du texte, a confié à des journalistes sa déception.

«Vous savez, sur ce sujet, les ennemis sont très puissants, je l'ai su toute ma vie», a-t-elle déclaré, citée par le quotidien USA Today.

Le puissant lobby des armes, la National Rifle Association (NRA), avait engagé une bataille pour tuer ce projet. Nombre d'élus sont financés par l'association à chaque élection et beaucoup craignent de la froisser et de perdre son soutien.

Capitulation

Pour Alan Gottlieb, vice-président exécutif de la Fondation pour le Deuxième Amendement (du nom de l'amendement constitutionnel sur le droit de détenir des armes), cette capitulation n'est pas une surprise et s'explique par un simple calcul électoral.

«Beaucoup de démocrates ne veulent pas avoir à affronter les prochaines élections en ayant voté pour ça», a-t-il dit à l'AFP, en référence aux sénateurs d'États conservateurs ou ruraux, où les armes sont banales.

Le texte aurait interdit dans tout le pays la fabrication, l'importation et la vente de pistolets et fusils semi-automatiques de type militaire, dits «d'assaut», ces armes qui permettent de tirer un grand nombre de balles très rapidement. Mais les propriétaires actuels n'auraient pas eu à rendre les leurs.

Actuellement, seuls sept États et la capitale fédérale Washington interdisent ces armes.

Les chargeurs à haute capacité, de plus de 10 balles, auraient aussi été interdits.

L'avenir des trois autres mesures adoptées en commission semblait en revanche plus assuré au Sénat: la généralisation des vérifications d'identité et d'antécédents judiciaires avant tout achat, même dans les foires aux armes et sur internet; la pénalisation des achats d'armes réalisés pour une personne qui n'aurait pas le droit d'en posséder; et de nouveaux crédits pour renforcer la sécurité dans les écoles.

Les associations qui militent depuis des années pour le renforcement de la législation ont fait profil bas mardi. Dans un communiqué à l'AFP, la grande association Brady Campaign to Prevent Gun Violence a simplement déclaré garder espoir.

«Nous attendons les débats au Sénat et nous pensons toujours que toutes les mesures adoptées en commission doivent faire partie de la solution», a écrit une porte-parole.

L'ensemble du Sénat votera sur les mesures dans les prochaines semaines, puis la Chambre des représentants, contrôlée par les républicains, devra se prononcer avant que Barack Obama ne puisse promulguer les réformes.

Mais un sénateur républicain, James Inhofe, disait toutefois à l'AFP mardi qu'il pensait que la Chambre voterait contre chacune des trois mesures restantes.