Kathleen Mangan-Valle, enseignante de 27 ans, se doutait bien qu'il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond chez son mari, policier de New York âgé de 28 ans. Il passait des heures interminables devant son ordinateur et lui posait des questions étranges. Où allait-elle faire son jogging? Était-ce un endroit bien éclairé? Y avait-il d'autres joggeurs?

Mais la jeune femme allait subir le «choc de sa vie» en installant un logiciel espion afin de découvrir la nature des échanges sur la Toile de son mari au visage angélique. Sur des sites fétichistes, Gilberto Valle avait publié les noms et les photos de plusieurs femmes et échangé avec des étrangers sur la façon de les torturer, les tuer et les manger.

Sa femme, qui venait à peine d'accoucher du premier enfant du couple, faisait elle-même l'objet de ces scénarios odieux.

«Ils devaient me pendre par les pieds, me trancher la gorge et rigoler à la vue du sang jaillissant de mon corps», a déclaré Kathleen Mangan-Valle, le 25 février, au premier jour du procès de celui que les tabloïds de New York ont baptisé cannibal cop.

Hier après-midi, après huit jours de témoignages qui ont à la fois révulsé et fasciné le public, le jury a commencé à délibérer.

Gilberto Valle est accusé par les autorités fédérales d'avoir «comploté avec l'intention de kidnapper, violer, tuer et manger des victimes de sexe féminin». Il a également été inculpé pour avoir fouillé dans la base de données de la police de New York pour trouver des victimes potentielles. Il risque la prison à vie.

En plus d'avoir fréquenté des sites fétichistes, Gilberto Valle a participé à des forums d'échange sur le cannibalisme et mené sur l'internet des recherches sur des «recettes à base de chair humaine».

Des fantasmes trop près de la réalité

Dans sa plaidoirie, l'avocate de la défense, Julia Gatto, a demandé aux jurés d'acquitter le policier, en faisant valoir qu'il ne devait pas être condamné à la prison pour avoir eu des «pensées morbides» et des «fantasmes ignobles».

Aucune des femmes sur la liste de Gilberto Valle n'a subi de sévices. N'empêche: pour les autorités fédérales, les fantasmes du policier se rapprochaient de plus en plus de la réalité. «Ce sont de vraies recherches qu'il a menées sur l'internet pour obtenir de l'information sur la façon d'enlever de vraies femmes», a déclaré l'avocate de l'accusation, Hadassa Waxman.

Le jury est composé de six femmes et de six hommes.