Le dossier du «climat et l'énergie» sera l'une des trois priorités de Barack Obama au cours de son deuxième mandat. «Je vais continuer de me concentrer sur l'économie, sur l'immigration, sur les changements climatiques et l'énergie», a affirmé le président américain au magazine Time. Mais le mystère plane sur ce qu'il compte faire concrètement.

Sa déclaration suscite bien des questions dans les milieux écologistes aux États-Unis, au moment où il doit trouver un nouveau ministre de l'Environnement pour remplacer Lisa P. Jackson, qui a démissionné jeudi.

L'opinion américaine est en train d'évoluer au sujet des changements climatiques. Selon un sondage publié par Associated Press le 14 décembre, 80 % des Américains croient que «le réchauffement de la planète sera un problème sérieux» si rien n'est fait pour l'atténuer. Et 57 % pensent que le gouvernement devrait faire «beaucoup» en ce sens, contre 22 % qui prônent peu ou pas d'action.

Il faut dire que les États-Unis sont ébranlés par une succession remarquable de phénomènes climatiques extrêmes. Inondations spectaculaires en 2011, sécheresse record en 2012, tornades à profusion, et, comme point d'orgue à la dernière campagne présidentielle, l'ouragan Sandy qui a dévasté New York et le New Jersey.

L'industrie de l'assurance recense 25 événements climatiques ayant fait plus d'un milliard de dégâts en 2011 et 2012, deux années records en ce domaine.

«Le sujet de conversation national a changé avec Sandy, dit Guillaume Lavoie, chercheur à la chaire Raoul-Dandurand de l'UQAM. C'est la première fois que l'ensemble des médias disait: Ceci est une conséquence des changements climatiques.»

Le climat a la cote

Avant Sandy, le climat n'avait pas été évoqué dans la campagne présidentielle, sauf avec dérision, quand le candidat républicain Mitt Romney s'était moqué de Barack Obama et de sa volonté de «ralentir la hausse des océans», alors que lui voulait «aider votre famille».

Mais au-delà de la conversation, les réalités politiques n'ont pas réellement changé avec l'élection du 6 novembre dernier, note Karel Mayrand, de la Fondation David Suzuki. Et les attentes sont moins élevées qu'il y a quatre ans.

«Quand Obama a pris le pouvoir en 2008, il avait la dream team pour le climat, avec le secrétaire à l'Énergie Steven Chu (un Prix Nobel de physique), rappelle M. Mayrand. Mais il a dépensé tout son capital politique sur la réforme de la santé.»

Puis, la politique du climat a vécu un échec planétaire à Copenhague en 2009.

«Par la suite, Obama a agi sur la qualité de l'air et investi dans les énergies renouvelables, dit M. Mayrand. Il a fait ce qui ne fait de mal à personne.»

En fait, les États-Unis vivent un boom pétrolier actuellement. La production domestique a augmenté de près de 7 % en 2012, du jamais vu depuis 1951.

Par ailleurs, la demande est en baisse et va continuer à diminuer, entre autres grâce à la réduction de la consommation des automobiles. Selon les nouvelles normes, une voiture qui affiche aujourd'hui une cote de 27 milles au gallon devra atteindre 43 milles au gallon en 2025.

Mais même dans ce domaine, il a fallu des circonstances exceptionnelles pour que le président Obama puisse s'imposer. «Il l'a fait alors que le gouvernement américain était propriétaire de quasiment toute l'industrie automobile.»