Depuis le début d'un mandat marqué par plusieurs fusillades, dont l'une a failli coûter la vie à une élue démocrate du Congrès, Barack Obama n'a pas présenté l'ombre d'une proposition concrète pour resserrer le contrôle des armes à feu aux États-Unis.

Aux yeux de ses partisans, le silence quasi total du président démocrate sur cette question est une source de déception. Mais la National Rifle Association (NRA), puissant lobby des armes à feu américain, voit quelque chose de perfide derrière ce mutisme.

«Durant son premier mandat, il [Barack Obama] a flatté les propriétaires d'arme à feu dans le sens du poil, mais cela fait partie d'un vaste complot visant à tromper les électeurs. Il cache ses vraies intentions, qui sont de supprimer le deuxième amendement de la Constitution [qui garantit le droit de porter des armes] au cours de son second mandat», a déclaré le vice-président de la NRA, Wayne LaPierre, lors d'une conférence réunissant des militants conservateurs à Washington en février.

La rhétorique outrancière de la NRA constitue depuis longtemps un obstacle à un débat rationnel sur les armes à feu aux États-Unis. Mais l'élection de Barack Obama à la présidence a fait basculer le discours de ce lobby du côté de la paranoïa la plus hallucinante, tout en laissant intacte son influence auprès des élus.

Il en résulte qu'une affaire comme celle de Trayvon Martin, aussi tragique soit-elle, ne changera probablement rien, à court et à moyen terme, à l'omniprésence des armes à feu aux États-Unis ou aux lois américaines qui donnent le permis de tuer.

Question raciale

Impuissant dans le dossier des armes à feu, Barack Obama est également vulnérable sur la question raciale, autre aspect explosif soulevé par la mort de Trayvon Martin. Plusieurs politiciens et commentateurs conservateurs ont en effet durement critiqué le premier président afro-américain pour avoir osé évoquer la couleur de l'adolescent.

«Si j'avais un fils, il ressemblerait à Trayvon», a déclaré Barack Obama, qui a exprimé sa sympathie envers les parents de l'adolescent noir lors d'une conférence de presse.

«Je pense que nous devons tous procéder à un examen de conscience pour comprendre comment une chose pareille peut se produire», a-t-il ajouté.

«Disgracieux», s'est aussitôt indigné Newt Gingrich, qui trouve «consternant» que le président soulève ainsi la «question raciale».

Richard Land, pasteur baptiste de renommée nationale, a pour sa part inclus Barack Obama parmi les leaders afro-américains qu'il a accusés d'exploiter la mort de Trayvon Martin à des fins politiques. Outre le président, il a fustigé deux «chasseurs d'ambulance», les pasteurs noirs Jesse Jackson et Al Sharpton, qui ont manifesté et prononcé des discours en Floride réclamant l'inculpation de George Zimmerman, le tireur.

Les critiques conservateurs de Barack Obama et compagnie ne semblent pas seulement dire que le racisme n'a joué aucun rôle dans la mort de Trayvon Martin et dans la façon dont la police de Sanford a géré ce dossier. Ils semblent également signifier que le racisme n'existe plus aux États-Unis et qu'il faut vraiment être de mauvaise foi pour soulever encore ce sujet.

Après tout, les États-Unis n'ont-ils pas élu un Afro-Américain à la présidence? Qu'il se tienne coi maintenant.