Deux départs, un limogeage: les têtes ont commencé à tomber mercredi au Secret Service à la suite du scandale de prostitution en Colombie qui secoue cette police d'élite chargée de protéger le président Barack Obama.

Sur les 11 membres du Secret Service suspendus et visés par une enquête dans cette affaire, «un membre de la hiérarchie a été autorisé à prendre sa retraite, un autre membre de la hiérarchie est en cours de limogeage (...) et un troisième, un agent du rang, a démissionné», a précisé le Secret Service dans un communiqué.

De même source, «les huit autres employés restent suspendus» pendant que l'enquête interne se poursuit.

Celle-ci sera «complète, scrupuleuse et juste, et utilisera toutes les techniques d'investigation dont notre agence dispose», a précisé cette police fédérale d'élite.

Elle a mentionné à cet effet «des passages au détecteur de mensonge, des interrogatoires des employés impliqués et de témoins, dont des interrogatoires qui seront menés par notre bureau (d'inspection interne) à Carthagène en Colombie».

C'est dans cette station balnéaire huppée que les agents, ainsi que dix membres des forces armées américaines, sont soupçonnés d'avoir eu des relations sexuelles avec des prostituées, alors qu'ils préparaient l'arrivée du président Barack Obama.

Ce dernier, sur place de vendredi après-midi à dimanche soir, a participé au sixième Sommet des Amériques avec une trentaine de chefs d'État et de gouvernement. Mais l'agenda du sommet, vu des États-Unis, est passé totalement inaperçu étant donné ce scandale qui a éclaté vendredi et a enflé chaque jour depuis.

«Nous exigeons de tous nos employés qu'ils adhèrent aux critères professionnels et moraux les plus élevés, et sommes engagés à un examen complet de cette affaire», a assuré le Secret Service.

Ce scandale sans précédent ternit l'image de ces policiers d'élite réputés volontaires pour «prendre une balle à la place du président» des États-Unis.

Si ces faits sont avérés, «cela va laisser une tache sur tout le Secret Service, parce que, depuis près de 150 ans, c'est une organisation qui a été très respectée», a affirmé mercredi le sénateur républicain Charles Grassley sur la chaîne MSNBC.

Baraqués, cheveux ras, oreillette, lunettes noires, costume sombre, visages impassibles et gros calibre à la ceinture: les agents du Secret Service ont été popularisés par des oeuvres de fiction comme le film In the Line of Fire (1993) qui met en scène un agent, joué par Clint Eastwood, hanté par l'assassinat de Kennedy à Dallas en 1963.

A sa création à la fin de la guerre de Sécession en 1865, ce groupe n'en avait qu'après les faux-monnayeurs. Mais il est surtout connu pour la tâche qu'il a acquise après l'assassinat du président William McKinley en 1901: protéger le chef de l'exécutif américain et ses proches, ainsi que le vice-président et les dignitaires étrangers en visite aux États-Unis.

«J'attends du Secret Service la même chose que ce que j'attends du reste de ma délégation. Nous représentons les Américains. Et lorsque nous voyageons dans un autre pays, je m'attends à ce que nous observions les critères les plus élevés (...) de dignité et d'honnêteté. Et évidemment, ces informations ne correspondent pas à ces critères», avait expliqué dimanche M. Obama avant de quitter Carthagène.

Avant la nouvelle du départ de trois agents, le probable adversaire de M. Obama à la présidentielle de novembre, Mitt Romney, s'était invité dans la controverse mercredi en soulignant que s'il était élu, il ferait «le ménage» dans le Secret Service et renverrait les personnes impliquées.

La Maison-Blanche, qui se serait bien passée de ce scandale à six mois et demi de l'élection présidentielle, a insisté sur la nécessité de laisser l'enquête suivre son cours, et affirmé mardi que M. Obama faisait confiance au chef du Secret Service Mark Sullivan.