Le président des États-Unis Barack Obama estime que la mort de 24 soldats pakistanais dans un raid de l'Otan est «une tragédie», a déclaré lundi son porte-parole, tout en insistant sur l'importance de maintenir des liens entre Washington et Islamabad.

«Nous pleurons ces courageux soldats pakistanais qui ont perdu la vie», a déclaré Jay Carney lors de son point de presse quotidien, en assurant que les États-Unis prenaient «très au sérieux» cet incident qui a provoqué la fureur du Pakistan.

«En ce qui concerne notre relation avec le Pakistan, il s'agit toujours d'une relation de coopération qui est aussi très compliquée», a reconnu M. Carney.

Le porte-parole a aussi affirmé que «c'est vraiment dans l'intérêt de la sécurité nationale américaine de maintenir une relation de coopération avec le Pakistan, car nous avons des intérêts partagés dans la lutte contre le terrorisme».

Lundi, Islamabad a haussé le ton vis-à-vis de son allié américain, deux jours après la bavure de la force de l'Otan dont les circonstances exactes restent mystérieuses, chaque camp accusant l'autre d'avoir provoqué l'incident.

Les Pakistanais ont, en représailles, décidé de bloquer le transit sur son territoire du ravitaillement destiné aux Occidentaux en Afghanistan, vital pour eux.

Le Pentagone a répliqué lundi en affirmant que «l'effort de guerre en (Afghanistan) se poursuit». «Nous sommes engagés contre un ennemi en Afghanistan et l'armée américaine est prête à poursuivre» ce combat, a déclaré face à la presse un porte-parole du Pentagone, George Little.

Près de la moitié du ravitaillement des troupes de l'Otan en Afghanistan (Isaf) transite par le Pakistan. 140 000 soldats étrangers qui y sont postés, dont 97 000 soldats américains, comptent sur ce ravitaillement extérieur.

Mais les États-Unis dépendent également du bon vouloir du Pakistan pour lutter contre Al-Qaïda et les talibans postés sur son sol: Islamabad permet notamment à la CIA de mener son intense campagne de lancement de drones sur l'Afghanistan.

Le porte-parole du Pentagone n'a pas confirmé les informations selon lesquelles le Pakistan avait ordonné aux Américains de se retirer dans les quinze jours de la base aérienne de Shamsi, située dans le sud-ouest du pays, utilisée par la CIA comme base de lancement des attaques de drones.

Lancée en 2004, la campagne de tirs de drones américains sur les zones tribales frontalières de l'Afghanistan s'est intensifiée ces trois dernières années, avec plus de 220 attaques depuis août 2008, d'après les autorités locales.

Un porte-parole du département d'État américain, Mark Toner, a fait part de son côté lundi de «l'inquiétude (de son administration) quant aux conséquences de cet incident» sur les relations américano-pakistanaises.

«C'est une relation qui a connu plusieurs revers importants... Personne ne peut nier cela. Mais c'est aussi une relation qui, malgré les revers et les importants défis, a tenu car elle reste vitale pour nos deux pays», a-t-il déclaré à la presse.

Il a affirmé en outre qu'il comprenait l'hésitation du Pakistan à participer le 5 décembre à la Conférence de Bonn sur l'Afghanistan, mais qu'il «était dans l'intérêt» d'Islamabad de s'y rendre.