La semaine qui s'annonce devrait être riche sur le plan diplomatique pour le Proche-Orient. Face à un processus de paix israélo-palestinien plus que moribond depuis des mois, illustré par le départ de l'émissaire américain George Mitchell, Barack Obama devrait détailler jeudi ses idées pour relancer les pourparlers, recevant par ailleurs à Washington le roi Abdallah de Jordanie et le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.

Le président américain accueillera ainsi le souverain hachémite mardi, avant de prononcer son discours très attendu jeudi au Département d'État. Le lendemain, au dernier jour du mandat de M. Mitchell, il recevra M. Nétanyahou. Enfin, avant de s'envoler pour l'Europe et le sommet du G-8 de Deauville (26-27 mai), la Maison Blanche devrait lui programmer un autre discours devant le Comité israélo-américain d'affaires publiques (AIPAC), le principal lobby pro-Israël aux États-Unis.

Sans s'étendre sur les motifs du départ de George Mitchell, le porte-parole de la Maison Blanche Jim Carney a assuré que l'administration Obama était plus que jamais déterminée à relancer les pourparlers de paix. «L'engagement du président est aussi fort aujourd'hui qu'il l'était à son arrivée», a-t-il dit vendredi, tout en reconnaissant qu'il s'agissait d'une question «difficile, extraordinairement difficile».

Agé de 77 ans, M. Mitchell, qui sera provisoirement remplacé par son bras droit David Hale, avait été nommé en janvier 2009 dès le second jour de la présidence Obama. L'ancien sénateur démocrate du Maine s'était notamment fait un nom en oeuvrant à la réconciliation nord-irlandaise.

Les premiers mois de son activité ont été marqués par de nombreux aller-retour dans la région, avant que le rythme ne ralentisse progressivement, encore plus nettement depuis les révoltes populaires dans le monde arabe et la chute en février dernier du raïs égyptien Hosni Moubarak, jusqu'ici figure incontournable dans le processus de paix.

De fait, George Mitchell n'a jamais réussi à s'installer durablement dans la région, préférant faire de courtes navettes de quelques jours, voire quelques heures. Plus grave, il semble surtout n'être jamais parvenu à établir un réel contact avec chacune des parties.

Alors que les Israéliens se méfiaient déjà d'Obama avant même son arrivée à la Maison Blanche, l'émissaire a aggravé les choses en qualifiant d'inacceptables de nouvelles constructions de colonies en Cisjordanie. De leur côté, les Palestiniens, un temps ragaillardis, ont vite perdu leurs illusions en constatant que Washington n'arrivait même pas à convaincre l'État hébreu d'ordonner un gel de ces constructions.

Jon Alterman, responsable du Moyen-Orient au Centre d'études internationales et stratégiques (CSIS), a reconnu que les espoirs étaient élevés à l'arrivée de M. Mitchell. «Mais la politique étant ce qu'elle est, on s'est retrouvé avec un gouvernement israélien très sceptique sur la possibilité de pouvoir négocier avec l'Autorité palestinienne. De l'autre, vous avez une Autorité palestinienne où les rivalités internes s'accroissent. Voilà pourquoi c'est dur de trouver un consensus permettant d'ouvrir le type de négociations que George Mitchell était censé encourager», juge M. Alterman.

L'émissaire américain a cru que la patience, qualité cardinale en ces régions orientales troublées, aurait pu servir ses desseins. Une méthode qui n'a pas marché, estime l'analyste Yossi Alpher, ancien directeur du Centre d'études stratégiques Jaffee à l'Université de Tel Aviv. «Ses méthodes n'ont tout simplement pas marché sur place», dit-il. «Sa méthode en Irlande du Nord -écouter, écouter et encore écouter- ont échoué ici». Pour lui, le départ de Mitchell pourrait signaler l'adoption d'une nouvelle approche par l'administration Obama.

Nabil Shaath, l'un des principaux négociateurs palestiniens, estime que cette démission n'est pas tant un mauvais coup aux efforts de paix que la traduction du manque de soutien au diplomate. «Mitchell n'a jamais reçu le soutien suffisant de son gouvernement qui lui aurait permis de faire une percée dans le processus de paix», analyse-t-il. George «est un homme positif, un grand homme et il est mon ami», mais il «pourra être remplacé quand l'administration américaine sera prête. Pour un médiateur, c'est impossible de travailler sans être soutenu par son gouvernement et sans pression américaine sur Israël».