L'objectif de Scott Brown, un politicien peu connu à l'extérieur du Massachusetts, était ambitieux: récolter un demi-million de dollars en 24 heures, par l'entremise de l'internet, en faisant appel aux militants conservateurs d'un bout à l'autre des États-Unis. À la fin de la journée de mardi dernier, le candidat républicain à la succession d'Edward Kennedy avait amassé 1,5 million de dollars.

Cette récolte en dit long sur le dynamisme des militants conservateurs, et tout particulièrement de ceux qui se réclament du mouvement Tea Party, dont le rôle au sein du Parti républicain pourrait être déterminant en 2010. Né en février dernier durant les débats sur les plans de relance économique et de sauvetage des banques, ce mouvement s'oppose avec vigueur à la dérive «socialiste» de l'administration démocrate, tout en dénonçant les républicains modérés. Son nom fait référence à une étape charnière de la révolution américaine - le Boston Tea Party de 1773 - et ses méthodes font penser à celles que les organisations pro-Obama ont utilisées pendant la campagne présidentielle de 2008.

Reste à savoir si le mouvement Tea Party aidera le Parti républicain ou lui nuira à l'occasion des élections de mi-mandat en novembre prochain. Sa propension à appuyer des politiciens ultraconservateurs pourrait faire perdre aux républicains des candidats susceptibles de plaire aux électeurs modérés ou indépendants. Composé de plusieurs groupes locaux, le mouvement est également vulnérable aux querelles intestines.

Mais, un an après le début de la présidence de Barack Obama, le mouvement Tea Party semble bel et bien avoir volé aux militants progressistes le feu qui les animait durant la campagne présidentielle de 2008.