Barack Obama et son administration ont exhorté mercredi les Américains à ne pas «avoir peur» de voir les cinq accusés du 11-Septembre jugés à New York, se disant «confiants» dans la justice malgré les multiples obstacles qui jalonnent déjà la route vers le procès.

«Je pense que cette notion selon laquelle nous devrions avoir peur, que ces terroristes disposeraient de pouvoirs spéciaux qui nous empêcheraient de présenter des preuves contre eux, de les enfermer et de livrer une justice rapide, je crois que cela a été une erreur fondamentale», a affirmé mercredi le président américain dans une série d'entretiens aux chaînes américaines donnés depuis l'Asie.

«J'éprouve aussi une grande confiance envers nos (...) tribunaux, ces tribunaux qui ont jugé des centaines de personnes soupçonnées de terrorisme qui sont emprisonnées en ce moment-même aux Etats-Unis», a-t-il assuré.

Interrogé sur les critiques indignées de certaines familles de victimes et d'élus républicains concernant la décision, vendredi, de renvoyer ces hommes devant un tribunal de droit commun et non un tribunal militaire d'exception, M. Obama a ajouté, à propos du cerveau autoproclamé des attaques, Khaled Cheikh Mohammed (KSM, ses initiales en anglais): «je ne pense pas que ce sera insultant, quand il sera déclaré coupable et quand il recevra la peine de mort».

Quelques heures plus tard, le ministre de la Justice Eric Holder a également enjoint les Américains à «ne pas trembler devant cet ennemi» et a réaffirmé être «confiant» dans la capacité du gouvernement à établir la culpabilité des cinq hommes au sujet de ces attaques qui ont fait près de 3 000 morts.

Le ministre a longuement justifié sa décision de les renvoyer devant un tribunal de droit commun, assurant que «KSM» ne disposerait pas davantage d'«une plate-forme pour vomir son idéologie de haine dans un tribunal fédéral qu'il aurait eu devant un tribunal militaire d'exception».

«Nous faire revivre tout cela n'est pas raisonnable», a cependant estimé de son côté Geraldine Davie, venue assister mercredi à l'audition de M. Holder devant une commission du Sénat avec d'autres parents de victimes du 11 septembre.

Les sénateurs républicains ont longuement interrogé M. Holder sur les difficultés supplémentaires que va représenter ce procès devant un tribunal fédéral. Ils ont notamment observé que personne n'a jamais lu leurs droits aux accusés avant de les interroger et qu'ils ont pu faire des déclarations sous la contrainte ou la torture.

Mais, sans cacher son agacement, M. Holder a rejeté ces difficultés, affirmant qu'aucune d'entre elles ne posait davantage problème devant un tribunal de droit commun que devant un tribunal d'exception.

Dans ce débat sur la juridiction chargée de juger le 11 septembre, le président américain a aussi reconnu mercredi pour la première fois en personne que son administration allait «manquer» la date butoir du 22 janvier 2010 qu'elle s'était fixée pour fermer définitivement le centre de détention de Guantanamo, où sont aujourd'hui enfermés les cinq hommes et quelque 210 autres prisonniers.

«Je ne suis pas déçu. Je savais que ce serait difficile», a-t-il noté sur la chaîne Fox news, affirmant toutefois s'attendre à une fermeture dans le courant de l'année prochaine.

L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International a réagi à cet aveu en appelant Washington à «redoubler d'efforts» pour fermer la prison, symbole des pratiques antiterroristes controversées de l'administration Bush.