Jaycee Dugard avait tissé des liens étroits avec son bourreau présumé, accusé de l'avoir enlevée et séquestrée pendant 18 ans, en l'assistant notamment dans son activité d'imprimeur, sans jamais rien révéler aux clients de son identité ni de sa condition de captive.

Plusieurs clients de Phillip Garrido, 58 ans, ravisseur présumé de Jaycee Dugard, ont affirmé au San Francisco Chronicle qu'ils avaient été en contact avec la jeune femme, que Garrido présentait comme sa fille, sous le nom d'Allissa.

Jaycee Dugard, aujourd'hui âgée de 29 ans, est décrite comme une jeune femme professionnelle et courtoise, qui communiquait avec les clients par téléphone et par courrier électronique, et recevait leur commandes de cartes de visites, prospectus et autres affiches, selon le quotidien.

Garrido «nous a dit ouvertement qu'il travaillait avec sa fille. Il disait qu'elle gérait l'aspect graphique et qu'il s'occupait de l'impression», a déclaré JP Miller, qui avait embauché Garrido en août pour l'aider à faire la promotion de sa société de transport routier.

Miller a assuré au San Francisco Chronicle que rien ne laissait penser qu'«Allissa» fût en réalité Jaycee, la petite fille de 11 ans enlevée en 1991 sur le chemin de l'école à South Lake Tahoe, à quelque 200km à l'est de San Francisco (ouest).

Un autre client de Garrido ayant été en contact avec la jeune femme a affirmé lui aussi que rien chez Jaycee Dugard n'avait attiré son attention.

«Elle était très professionnelle, très polie, comme n'importe quelle autre secrétaire», a déclaré Ben Daughdrill.

«Si je demandais quelque chose, il disait "je vais mettre Allissa là-dessus"», ajoute-t-il.

Plusieurs experts affirment que Jaycee Dugard a probablement développé un «syndrome de Stockholm», ce sentiment de sympathie ou d'attachement que certaines personnes finissent par éprouver pour leur ravisseur.

Alors que le voile se levait peu à peu sur la captivité de la jeune femme, la police continuait à fouiller, aidée de chiens, la maison de Phillip Garrido et les maisons voisines, à la recherche d'éventuelles preuves d'un lien entre le suspect et plusieurs meurtres et disparitions non élucidés, survenus dans les années 90.

Dans la soirée, le porte-parole du bureau du shérif de Contra Costa, Jimmy Lee, a annoncé qu'un «fragment d'os» avait été trouvé «dans la propriété voisine» de celle de Phillip Garrido.

Les autorités ignorent s'il s'agissait d'un os humain ou d'un os d'animal, et le fragment est en cours d'analyse, a-t-il précisé.

Il y a quelques années, Garrido avait entretenu la maison voisine de la sienne, à Antioch, à 70 km à l'est de San Francisco, et y avait installé un abri.

Le beau-père de Jaycee Dugard a déclaré lundi sur la chaîne américaine ABC qu'elle revenait peu à peu à la réalité, après avoir retrouvé sa mère et sa demi-soeur. «Cela va prendre des années», a-t-il assuré.

Lundi, des photos prises par un photographe britannique ayant réussi à s'introduire dans le jardin montraient l'espace sordide, avec des déchets empilés, des vêtements jonchant le sol et des statuettes de chats, dans lequel Jaycee et ses filles ont été maintenues pendant 18 ans.

Phillip Garrido et sa femme Nancy sont accusés d'avoir séquestré pendant 18 ans Jaycee Dugard et ses deux filles, conçues avec Garrido, dans des cabanons et des tentes dissimulées au fond de leur jardin.