Pour savoir si elle a des oeufs à la maison, Kelly Coyne sort dans sa cour, ouvre une trappe dans un panneau en bois et jette un coup d'oeil à l'intérieur.

«S'il y a un oeuf, il sera là, sur les copeaux de bois, dit-elle. Mais souvent, je le sais à l'avance. Quand une poule pond, toutes les poules se mettent à caqueter. Je peux les entendre de la maison.»

Mme Coyne et son conjoint, Erik Knutzen, élèvent des poules. En plein coeur de Los Angeles, la deuxième ville des États-Unis, un océan urbain de près de 15 millions de personnes.

Leur expérience a débuté il y a deux ans. Déjà engagé dans l'agriculture en ville - leur jardin produit des artichauts, des abricots, des courgettes, des figues, du houblon pour faire de la bière -, le couple a décidé de pousser le concept plus loin.

Une recherche sur Google leur a permis de trouver de l'information sur l'élevage de poules en ville. Et aussi de constater qu'ils étaient loin d'être les seuls à tenter l'expérience. Le site de référence BackYardChickens.com, par exemple, compte à lui seul plus de 19 000 membres.

Utiles, les poules

Les poules, disent-ils, sont utiles dans un jardin, car elles mangent les insectes nuisibles et les mauvaises herbes. Pour Mme Coyne, le plus surprenant a été de constater à quel point ses quatre poules demandent peu d'attention. Et font peu de bruit. «Les poules sont moins bruyantes qu'un chien. Elles caquètent un peu entre 10 h et 15 h, quand les gens sont au travail. La nuit, elles dorment.»

Mme Coyne et M. Knutzen habitent à Echo Park, un quartier du centre de L.A. reconnu pour ses excentricités et son caractère indépendant. Plusieurs de leurs voisins ont des jardins luxuriants. Un résidant du secteur a un temple bouddhiste dans sa cour. Un autre passe l'été dans une cabane de bambou perchée dans un arbre. Bref, c'est un peu la jungle en ville.

Un règlement municipal autorise les citoyens de L.A. à élever des poules dans certains quartiers, pourvu que le poulailler soit à plus de 12 m de la résidence la plus proche.

Des oeufs aux voisins

«On donne des oeufs aux voisins, et ils sont ravis. Personne n'a jamais porté plainte. Mais disons qu'on ne pourrait pas avoir de poules à Beverly Hills», note Mme Coyne. Pour M. Knutzen, cultiver des légumes et élever des poules est une façon d'apprendre à connaître les règles de la nature. Lui et sa copine ont d'ailleurs publié un livre sur l'agriculture urbaine, intitulé Homegrown Revolution, dans lequel ils donnent des trucs pour jardiner en ville.

Ces jours-ci, M. Knutzen est en train de s'initier à l'apiculture urbaine. Son prochain projet : installer une ruche dans sa cour. Il est membre d'un groupe de citoyens appelés les «Backyard Beekeepers», qui se réunissent régulièrement.

«Nous allons bientôt avoir notre propre miel, dit-il. Peu à peu, on apprend à laisser la nature faire ce qu'elle veut.»

SUR LE NET :

www.homegrownevolution.com