Fragilisé par un débat de plus en plus acrimonieux sur sa réforme du système de santé, Barack Obama a tenu une réunion publique au New Hampshire, mardi après-midi, afin de défendre un des principaux chantiers de sa présidence et de dénoncer les «tactiques de la peur» employées selon lui par ses opposants.

«Si nous sommes en désaccord, soyons-le sur des choses réelles, pas sur des déformations fantaisistes qui n'ont pas la moindre similitude avec ce qui est vraiment proposé», a déclaré le président américain aux quelque 1800 personnes venues assister à la réunion dans une école de Portsmouth.

Accusant ses détracteurs d'utiliser la peur comme argument, le chef de la Maison-Blanche a notamment nié les accusations formulées vendredi par l'ancienne gouverneure d'Alaska, Sarah Palin, selon lesquelles la réforme de santé permettrait de mettre sur pied un «tribunal de la mort» avec des «bureaucrates» qui décideraient qui a le droit ou pas de recevoir des soins.

«Je ne suis pas en faveur de cela, je veux être clair là-dessus», a déclaré le président, qui a précisé que la réforme permettrait de donner davantage d'information en fin de vie.

La réunion publique de Portsmouth n'a pas donné lieu au chahut qui a caractérisé d'autres assemblées d'information sur la réforme du système de santé tenues par des parlementaires démocrates. Mardi matin, à Lebanon, en Pennsylvanie, le sénateur Arlen Specter a notamment été vivement pris à partie par des électeurs qui s'inquiétaient non seulement du coût élevé du plan, mais également des risques d'intrusion de l'État dans leur compte de banque.

«Je suis républicaine», a déclaré une femme, selon le compte rendu de l'AFP. «Le problème, ce n'est pas la réforme de la santé. Le problème, c'est la transformation de ce pays en Russie, en pays socialiste.»

Le débat sur la santé est tout aussi houleux à la radio, à la télévision et sur l'internet, où les commentateurs dépassent parfois les limites de la décence. La Maison-Blanche et des organisations juives ont notamment dénoncé l'animateur de radio Rush Limbaugh, qui a comparé le président Obama à Adolf Hitler. «Adolf Hitler, comme Barack Obama, a imposé ses diktats», a déclaré Limbaugh la semaine dernière. Un de ses concurrents, Glenn Beck, a pour sa part établi un lien entre le nazisme et la réforme du système de santé.

Malgré la vigueur de l'opposition et le scepticisme croissant d'une partie de la population, le président a remporté une victoire significative, fin juillet, lorsqu'une commission influente de la Chambre des représentants a adopté un compromis sur la réforme du système de santé qui ouvrira la voie en septembre à un vote de l'ensemble de la Chambre des représentants. Le projet permet notamment d'offrir des soins aux plus de 46 millions d'Américains qui n'y ont pas accès. Elle améliore aussi la liberté de choix et la qualité des soins, selon Barack Obama.

La réforme est moins avancée au Sénat, où l'influente commission des Finances n'a pas encore accouché de son projet de loi.