L'homme qui a ouvert le feu dans un gymnase de l'est des Etats-Unis, tuant trois femmes avant de retourner son arme contre lui, tenait un blogue dans lequel il confessait sa frustration à l'endroit des femmes et annonçait le massacre, a indiqué mercredi la police locale.

George Sodini, 48 ans, a fait irruption mardi soir dans le club de sport dont il était membre, le «LA Fitness Gym» de Bridgeville, près de Pittsburgh (Pennsylvanie), ouvrant le feu sur un groupe de femmes en plein cours de danse sud-américaine. Trois sont mortes et une dizaine d'autres ont été blessées avant que le meurtrier ne mette fin à ses jours.

Interrogée par la télévision locale WTAE, un témoin, prénommé Nicole, a raconté que le tueur «avait éteint les lumières puis tiré avec au moins une arme à feu. Partout, les gens hurlaient. C'était horrible».

Selon la police, le tireur, qui s'était déjà rendu sur place deux fois dans la journée, a utilisé trois des quatre armes de poing qu'il avait sur lui, ouvrant le feu à au moins 36 reprises.

L'homme tenait depuis novembre un blogue dans lequel il laissait échapper sa haine des femmes. A la veille de la tuerie, il écrivait: «J'ai pris ma journée, ce lundi, pour m'entraîner et faire en sorte que tout soit nickel... Demain, c'est le grand jour».

Le blogue a été retiré de l'internet mercredi. Selon le policier Charles Moffatt, qui dirige l'enquête, les autorités cherchent à déterminer si des internautes ont vu ce blogue et le cas échéant pourquoi il n'ont pas donné l'alerte.

La page internet révèle une photo de son auteur sous les traits d'un homme blanc et mince aux tempes grisonnantes vêtu d'une chemise bleue.

Dès le 5 novembre 2008, au lendemain de l'élection présidentielle américaine, Sodini confiait qu'il voulait «le faire pendant l'été» mais qu'il a préféré attendre pour connaître le résultat du scrutin.

En décembre, il fixait au 6 janvier la date du passage à l'acte. Mais le jour prévu, il se dégonfle: «Il est 20H45, j'ai eu la trouille! Merde! J'ai apporté les pistolets chargés, tout comme prévu. Quel enfer!»

Pendant neuf mois, l'homme déverse sa rancoeur envers le sexe opposé.

«Je ne comprends pas. Je ne suis ni laid ni particulièrement bizarre. J'ai pas fait l'amour depuis juillet 1990 (j'avais 29 ans)», écrit-il.

«La dernière fois que j'ai passé la nuit avec une fille, c'était en 1982. C'est la preuve qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Les filles et les femmes ne me regardent jamais NULLE PART. Il y a quelque chose qui ne marche VRAIMENT pas chez moi».

Par une sinistre ironie, l'auteur explique que le gymnase l'aide à combattre ses problèmes psychologiques.

«Ma colère et ma rage sont largement parties depuis que je me suis mis aux haltères», témoigne-t-il.

Mais il reste obsédé par sa fin: «C'est comment d'être mort? J'ai toujours l'impression d'oublier quelque chose, c'est pour ça que j'ai annulé. Cette fois, je ne pourrai pas retourner prendre ce que j'ai oublié».

Dans son dernier message, il s'inquiète d'une rencontre qu'il vient de faire avec un sympathique voisin, de peur que cela ne le détourne de son projet.

«Je dois rester concentré et TOTALEMENT absorbé», écrit-il. «La mort vit» sont ses derniers mots.

La fusillade est l'une des plus graves à endeuiller les Etats-Unis depuis début avril, lorsqu'un chômeur a ouvert le feu dans un centre d'accueil pour immigrés à Binghamton dans l'Etat de New York, tuant 13 personnes avant de se suicider.