Le président Barack Obama a exhorté jeudi la Chambre des représentants américaine à approuver un vaste projet de loi pour lutter contre le réchauffement climatique, alors que le scrutin qui pourrait avoir lieu dès vendredi s'annonce serré.

Après des mois de pourparlers avec les représentants des Etats dépendants du charbon et du pétrole, ainsi qu'avec les élus d'Etats producteurs d'éthanol, les responsables démocrates, qui ont consenti à des compensations, sont parvenus à un accord qui pourrait permettre un vote dès vendredi.

Mais la majorité démocrate peinait jeudi à rassembler les 218 voix nécessaires à l'adoption du texte.

«Le président a pris du temps pour parler aux membres du Congrès», a déclaré jeudi le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs.

M. Obama a lui-même pris la parole pour affirmer: «mon appel à ces membres du Congrès qui ne veulent pas prendre position, ainsi qu'au peuple américain, est le suivant: nous ne pouvons pas avoir peur de l'avenir, nous ne pouvons pas être prisonniers du passé». «Nous discutons de cette question depuis des dizaines d'années, maintenant il est temps d'agir», a martelé le président.

Jeudi, l'ancien vice-président Al Gore, champion de la cause environnementale, était en contact téléphonique avec les parlementaires encore hésitants, pour tenter de les convaincre.

La toute dernière version du projet de loi de 1 200 pages a été présentée cette semaine.

Le plan vise à réduire les émissions de CO2 tout en créant des emplois verts et en diminuant la dépendance envers les sources d'énergie étrangères, selon les objectifs énoncés par M. Obama.

«Le monde entier attend de voir si le président Obama va se rendre à Copenhague (à la conférence de l'ONU sur le climat en décembre, ndlr) en tant que meneur de la tentative de réduire les gaz à effets de serre, tout en provoquant en même temps une révolution de l'emploi vert», a dit mercredi le démocrate Ed Markey, l'un des promoteurs du texte.

Le projet prévoit notamment la création d'un système de marché de droits d'émissions dit «cap and trade». Dans ce système, ces droits seront soit vendus, soit accordés gratuitement pour les industries les plus vulnérables. L'objectif est de parvenir à une réduction des émissions de gaz à effet de serre en 2020 de 17% par rapport au niveau de 2005.

Mais les républicains de la Chambre et certains démocrates centristes restent opposés au «cap and trade», car ils craignent une hausse des coûts de l'énergie.

Selon une analyse de l'Agence américaine de l'environnement (EPA) rendue publique cette semaine, la mise en place du projet de loi coûtera 80 à 111 dollars par an aux ménages américains. Pour le Bureau du budget du Congrès (CBO), un organisme indépendant, ce coût sera de 175 dollars par an.

L'organisation écologiste Greenpeace USA a indiqué dans un communiqué jeudi qu'elle s'opposait au projet de loi tel qu'il était actuellement rédigé. «Le projet de loi Waxman-Markey fixe des objectifs de réduction des émissions bien en dessous de ce que la science demande», lit-on dans le communiqué qui reproche les importantes concessions faites à l'industrie.

Selon un sondage Washington Post-ABC publié jeudi, 75% des Américains pensent que l'Etat fédéral devrait réglementer les émissions de gaz à effet de serre. Mais ils ne sont que 52% à soutenir l'idée d'un marché de droits d'émissions.

Après la Chambre, il reviendra au Sénat d'aborder la loi sur le réchauffement climatique.