Les critiques des néoconservateurs et de certains républicains étaient prévisibles: à leurs yeux, Barack Obama a été beaucoup trop prudent dans ses premières déclarations sur la situation iranienne.

«Il doit prendre la parole et dire que cette élection est une falsification, une supercherie, une mascarade, a déclaré mardi John McCain, candidat républicain lors de l'élection présidentielle de 2008, à la chaîne NBC. Le peuple iranien a été privé de ses droits.»

Depuis deux jours, cependant, des spécialistes de l'Iran et même des responsables américains expriment leur propre déception ou inquiétude à la suite d'un des commentaires du président américain sur les deux principaux candidats lors de la présidentielle iranienne.

«La différence entre M. Ahmadinejad et M. Moussavi en termes de politique pourrait ne pas être aussi grande que ce qui a été dit, a déclaré mercredi Barack Obama à la chaîne CNBC. D'un côté comme de l'autre, nous allons traiter avec un régime iranien historiquement hostile aux États-Unis.»

Le président américain faisait notamment allusion au fait que Mahmoud Ahmadinejad et Mir Hossein Moussavi partagent la même position sur le programme nucléaire iranien. Mais son commentaire donnait également à entendre que les deux hommes ne divergeaient pas tant sur d'autres questions et que les changements réclamés par les manifestants iraniens étaient, tout compte fait, illusoires.

«Ce n'est pas ce qu'il voulait, mais Obama a témoigné de l'irrespect envers le processus en cours en Iran, a commenté Steve Clemmons, expert du groupe de recherche New American Foundation. Ce qu'Obama et les autres responsables de la sécurité nationale doivent comprendre, c'est que l'élection iranienne n'est pas finie.»

Selon le New York Times, des membres de l'administration Obama, dont le vice-président Joseph Biden et la secrétaire d'État Hillary Clinton, voudraient que le président exprime un appui plus vigoureux à l'égard des manifestants iraniens. Le chef de la Maison-Blanche a cependant précisé dès mardi qu'il n'entendait pas s'ingérer dans les affaires iraniennes.

«Il ne serait pas productif, étant donné l'histoire des relations entre les États-Unis et l'Iran, que le président américain paraisse se mêler des élections iraniennes», a-t-il déclaré.

John Kerry, président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, a défendu hier la retenue du président Obama. Il a justement fait allusion au rôle des États-Unis dans le coup d'État qui a renversé le gouvernement du premier ministre iranien Mohammad Mossadegh en 1953.

«La dernière chose que nous devons faire est de donner à M. Ahmadinejad l'occasion d'évoquer le coup d'État parrainé par les États-Unis en 1953», a écrit le sénateur du Massachusetts dans une tribune publiée dans le New York Times. «Cela lui permettrait de se présenter comme la version moderne de Mossadegh, celui qui se bat par principe contre la marionnette de l'Ouest.»

La retenue de Barack Obama n'a évidemment pas empêché l'Iran d'accuser mercredi les États-Unis d'ingérence. Et cette accusation iranienne n'a pas empêché le commentateur néoconservateur Charles Krauthamer de décrier «l'appui implicite» du président américain au «régime tyrannique et répressif» des ayatollahs.