Il devait faire le ménage, passer le balai, chasser les bureaucrates incompétents et injecter une dose de gros bon sens dans un État endetté et paralysé par les querelles partisanes.

Aujourd'hui, Schwarzenegger est incapable de combler le déficit de 21,3 milliards qui frappe la Californie. Le gouverneur songe à supprimer l'assurance maladie à plus d'un million d'enfants pauvres, éliminer l'assistance sociale, libérer des prisonniers un an avant la fin de leur peine, et fermer 80% des 279 parcs de l'État.

Près de six ans après avoir pris le pouvoir, Schwarzenegger se trouve au point mort. Ses gestes d'ouverture envers les progressistes lui ont coûté l'appui des républicains. Ses prises de position pro-entreprise l'ont mis en froid avec les démocrates. Avec un taux de popularité de 32%, Schwarzenegger est isolé, incapable de changer la trajectoire de l'État le plus endetté des États-Unis, et la huitième économie mondiale.

Les images du politicien macho, aimant fumer le cigare et terroriser ses adversaires en les invitant à discuter dans son bureau, font désormais partie du folklore de la politique californienne.

«Durant sa campagne, Schwarzenegger promettait de dégraisser l'État, de réformer le système politique et de restaurer un sens des responsabilités», note Jaime A. Regalado, directeur de l'Institut d'études politiques Edmund G. Brown à l'Université de Californie à Los Angeles.

«Aujourd'hui, on se rend compte qu'il n'a rien accompli de tout cela. Rien.»

La semaine dernière, les électeurs ont rejeté à deux contre un les hausses de taxes et les mesures d'emprunts demandées par Schwarzenegger pour boucler le budget. Le gouverneur se battait depuis des mois pour faire passer ces mesures impopulaires.

Un contraste avec ses performances des premiers temps, où la population l'appuyait avec enthousiasme. «À son arrivée au pouvoir, Schwarzenegger était un meilleur acteur que lorsqu'il était à Hollywood, dit M. Regalado. Dans le fond, il ne savait pas comment gouverner. À la longue, les chiffres du budget vous rattrapent.»

Pour Ethan Rarick, directeur du centre Robert T. Matsui de l'Université de Berkeley, Schwarzenegger a hérité d'une tâche quasi insurmontable : gouverner la Californie.

«Les électeurs ont une énorme part de responsabilité dans les problèmes budgétaires, a-t-il noté récemment. Ils profitent de services publics de haute qualité sans payer les impôts équivalents, et ils ont créé un système où le gouverneur et les législateurs ont les mains liées en matière fiscale.»

Bons points pour l'environnement

Schwarzenegger demeure populaire à l'extérieur de la Californie, où les gens ont surtout entendu parler de ses initiatives progressistes, sur l'environnement et le mariage homosexuel, souligne M. Regalado.

«L'héritage de Schwarzenegger se trouve dans ses mesures environnementales. Il n'avait pas fait campagne là-dessus, mais sa ténacité a été remarquée. Il est en faveur des énergies propres et des voitures moins polluantes, et c'est ce dont les gens vont se souvenir.»

Le mandat de Schwarzenegger prendra fin à l'automne 2010. Le gouverneur ne peut présenter sa candidature une troisième fois. Il y a quelques années, les gens le voyaient déjà à Washington. Une perspective difficile à imaginer, note M. Regalado.

«Quand vous êtes gouverneur, c'est vous le patron. Quand vous êtes sénateur, vous avez 99 collègues. C'est difficile de voir cela comme une promotion. Je pense que la carrière publique de Schwarzenegger est derrière lui.»