L'administration Obama a déposé un aperçu de son premier budget hier, un document de 134 pages qui présente un plan ambitieux: sonner la fin de l'ère du néo-conservatisme aux États-Unis.

«Le moment est venu d'entrer dans une nouvelle ère - l'ère des responsabilités, tant pour le gouvernement que pour le secteur privé, a dit le président Barack Obama, hier matin. Il y a des moments où vous pouvez vous permettre de refaire la décoration de votre maison. Et il y a des moments où vous devez vous concentrer et refaire les fondations.»

 

Obama compte faire grimper l'impôt des ménages gagnant plus de 250 000$US par année - 2% des ménages américains - et baisser l'impôt pour la classe moyenne. Il souhaite débloquer 634 milliards US pour rendre l'assurance maladie accessible aux 47 millions d'Américains qui ne sont pas assurés actuellement.

Côté environnement, l'administration Obama veut instaurer un système de «Bourse du carbone», qui oblige les entreprises à acheter des crédits carbone si elles projettent de dépasser les normes fédérales d'émissions de gaz à effet de serre.

L'administration Obama propose aussi de rendre publiques les délibérations entourant l'attribution de l'argent du gouvernement.

«Au cours des huit dernières années, les politiques étaient décidées derrière des portes closes, note le document dévoilé hier par M. Obama. Dans plusieurs cas, un arsenal de mesures juridiques a été employé pour garder les délibérations secrètes. Sans surprise, les gens bien connectés ont été à même de créer d'immenses trous dans notre système fiscal, alors que les familles de la classe moyenne payaient la note.»

Le budget prévoit un déficit record de 1750 milliards de dollars pour l'année fiscale 2009, en cours depuis cinq mois.

Obama prévoit être en mesure de ramener le déficit à 533 milliards pour 2013, l'année où prend fin son premier mandat à la Maison-Blanche.

Contraste saisissant

Le contraste avec les années Bush ne pourrait être plus clair. George W. Bush s'était appliqué à réduire l'impôt des riches, et à utiliser le Trésor public de manière à permettre aux grandes entreprises d'engranger des profits jamais vus.

Certains passages du budget sont d'ailleurs très durs à l'endroit de l'administration Bush. Une des sections est intitulée: «Les résultats d'un héritage de mauvaises priorités.»

«Alors que les familles de la classe moyenne ont joué selon les règles, les personnes qui dirigent notre économie n'ont pas suivi leur exemple. Depuis trois décennies, une part disproportionnée de la richesse de la nation a été canalisée vers les individus les plus fortunés», souligne le document.

Selon le New York Times, ce passage clé sous-entend qu'Obama cherche à expliquer que «l'ère instaurée par Ronald Reagan n'était pas celle d'un «nouveau matin pour l'Amérique», mais bien celle de «l'Âge d'or des ploutocrates»».

Quelques minutes après avoir été rendu public hier, l'aperçu du prochain budget, qui sera complété en avril, a été descendu en flammes par les républicains.

«J'ai de sérieuses inquiétudes concernant ce budget, qui demande aux familles américaines et aux employeurs de donner toujours plus d'argent au gouvernement, afin de payer pour les hausses des dépenses. C'est malheureux, mais au moment où les gens doivent se serrer la ceinture, Washington semble avoir décidé de carrément enlever la sienne.»

Irak

Par ailleurs, Barack Obama a confirmé hier aux parlementaires le retrait des troupes américaines d'Irak d'ici à août 2010, tout en y laissant des dizaines de milliers d'hommes pour conseiller les forces irakiennes et protéger les intérêts américains sur place.

Le plan de retrait doit être présenté aujourd'hui.

Lors de l'entretien à huis clos, le président a aussi confirmé vouloir laisser un contingent de 30 000 à 50 000 hommes après août 2010 et au plus tard jusqu'en décembre 2011.

Barack Obama a promis de réexaminer sa stratégie si les violences devaient flamber, selon le républicain John McHugh, conseiller en chef du Comité parlementaire américain sur les forces armées, affirmant qu'il était inquiet de la situation en Irak.

 

Nombre record de chômeurs

Le nombre d'Américains qui bénéficient de l'assurance chômage atteint un sommet record, selon un rapport dévoilé hier. Quelque 5,112 millions de personnes sans emploi ont désormais besoin de l'assistance du gouvernement fédéral, le plus grand nombre enregistré depuis 1982.

Selon Gary Thayer, économiste chez Wachovia Securities, l'augmentation du nombre de personnes au chômage montre que la crise économique est encore en train de prendre de l'ampleur. «Cela tend à montrer que le pire reste à venir. Nous allons sans doute voir une augmentation du nombre de personnes sans emploi dans le courant de l'année.»