C'est une des questions de la nouvelle présidence américaine. Maintenant qu'ils sont à la Maison-Blanche, Michelle et Barack Obama réussiront-ils à préserver leur rituel du vendredi soir? Car le couple présidentiel, avant de le devenir, avait pour tradition de sortir ce soir-là, découvrant souvent de nouveaux restaurants, en amoureux ou entre amis...

Depuis leur arrivée à Washington, début janvier, ils avaient pris plaisir à faire connaissance avec la ville et ses hauts lieux. Ils avaient notamment fêté, en avance, avec quelques amis, l'anniversaire de la future First Lady au restaurant chic «Equinox», ou encore joué les touristes en famille, découvrant le Mémorial Lincoln quelques jours avant d'y assister à un grand concert pré-investiture.

«Nous avons habituellement rendez-vous le vendredi soir», expliquait le président-élu au cours d'une des nombreuses interviews d'avant sa prestation de serment. «Nous essayons d'aller de temps en temps dans certains restaurants», disait-il, parlant également de son envie «d'inviter des gens à la Maison-Blanche d'une manière qui n'a pas été pratiquée auparavant».

Mais il est difficile d'échapper à ce que l'on appelle la «bulle» de la Maison-Blanche, ses contraintes sécuritaires drastiques et sa logistique complexe.

Lorsque Barack Obama a parcouru à pied Pennsylvania Avenue quelques instants, saluant la foule aux c'tés de sa femme le jour de son entrée en fonctions, c'était sans doute sa dernière «balade» en public avant longtemps. Et même ce bref instant a été entouré d'un important dispositif de sécurité.

«La plupart des présidents, quand ils arrivent, sont déterminés à ne pas se laisser isoler, à ne pas étouffer dans la bulle», explique Joe Lockhart, porte-parole de la Maison-Blanche du temps de Bill Clinton. «Mais ils finissent par ne pas passer autant de temps à l'extérieur qu'ils le voudraient».

Et de se souvenir qu'au début de sa présidence, Bill Clinton souvent «sortait courir en public, rencontrer les gens, parler aux Américains moyens dans la rue. A la fin, il courait sur un tapis, parce que c'était un cauchemar logistique pour des centaines de personnes».

Michelle Obama semble s'être déjà fait une raison. «'Normal» est devenu quelque chose de relatif», expliquait-elle la semaine de l'investiture. Déjà, en deux ans de campagne électorale, elle a pu prendre l'habitude de cette «absence d'intimité», atteignant un «pic» en la matière cette semaine-là...

Les présidents passés avaient chacun leur propre idée de la vie à Washington. George W. Bush, connu pour se coucher avec les poules, profitait de la moindre occasion pour s'échapper vers Camp David ou son bien-aimé ranch texan de Crawford. A Washington, il se terrait à la Maison-Blanche, s'aventurant rarement en ville pour un dîner ou spectacle. S'il disait le faire pour éviter les inconvénients des déplacements présidentiels, cela correspondait à son caractère casanier.

Clinton, au contraire, était toujours partant pour une sortie, bataillant avec les hommes du Secret Service pour un peu plus de liberté. Mais il a fini par faire des concessions, sur le jogging notamment, même s'il continuait à sortir le soir.

Une respiration nécessaire, pour évacuer le stress de la fonction, mais aussi pour sortir du cercle étroit des principaux conseillers et garder les choses en perspective, estime Joe Lockhart. «Quand vous êtes assis dans le Bureau Ovale, même si vous connaissez la personne depuis longtemps, vous êtes traité différemment».

A Chicago, les Obama étaient connus pour souvent sortir dîner au restaurant. Et les images de Barack Obama, élu au Sénat de l'Illinois, vantant les mérites d'un restaurant de quartier du South Side lors d'une émission culinaire à la télévision en 2001, font un tabac sur YouTube.

Et, avant de se faire avaler par «la bulle», Barack Obama, animal social, a profité autant que possible de ses derniers instants de liberté dans la capitale: il a aussi assisté à deux soirées avec des élus et des journalistes, fréquenté les restaurants, joué au basket avec des amis sur un terrain de quartier.

Leur premier vendredi à la Maison-Blanche, les Obama ne sont pas sortis... Mais le nouveau président avait déjà réussi, de haute lutte, à remporter une bataille contre «la bulle», obtenant le droit de garder son BlackBerry bien-aimé, pour rester en contact par mail avec amis et conseillers.