On le sait, Barack Obama a la cote auprès d'une majorité de jeunes Américains. Les électeurs de moins de 30 ans sont deux fois plus nombreux à le préférer à John McCain. Le hic, pour le clan démocrate, c'est que les jeunes électeurs ont tendance à voter en moins grand nombre que leurs aînés.

Que faire? Plutôt que de se contenter de stimuler le vote des jeunes, qui pourrait être déterminant mardi, une campagne pro-Obama vise aussi leurs parents. On avait déjà vu circuler durant les primaires des autocollants et des vidéos sur YouTube qui scandaient «Tell your mama: Vote for Obama». Dans une publicité internet teintée d'humour, le mouvement citoyen MoveOn.org pousse l'idée un peu plus loin en invitant des jeunes à tenter subtilement de détecter les signes d'appui à McCain chez leurs parents pour ensuite essayer de les faire changer de camp.

 

«Parlez à vos parents de John McCain.» C'est dit sur le ton de «Parlez à vos enfants des dangers de la drogue». Sur le site www.mccainfreewhitehouse.org, on peut voir cette publicité qui parodie le ton moralisateur et faussement complice des campagnes antidrogue. La pub met en vedette des comédiens de Gossip Girl qui reprennent le genre d'arguments que les parents servent à leurs ados: «Ce n'est pas parce que les gens de ton âge le font que c'est cool.» Ou encore: «Si jamais un jour tu es tenté de voter McCain, appelle-moi. Je viendrai te chercher, sans poser de questions.»

Le site qui accompagne cette pub amusante (que déjà plus de 500 000 internautes ont vue sur YouTube) énumère des symptômes de l'appui à McCain qui ne mentent pas. Comme le fait de parler des huit dernières années de l'histoire américaine comme de «l'Âge d'or», par exemple. Ou d'utiliser des mots comme «hockey mom». Ou encore de planter une pancarte de McCain à l'avant de sa maison.

On offre même aux jeunes électeurs des conseils pratiques pour aborder les trois sujets chauds de la campagne qui, craint-on, pourraient faire pencher le vote pour McCain: la hantise de voir ses impôts augmenter, le fait qu'Obama ait moins d'expérience que son rival républicain et la peur, distillée de façon démagogique par ses adversaires, d'avoir affaire à un «terroriste», à un «musulman» ou à un «terroriste musulman».

«Les gens choisissent pour qui voter en fonction des opinions des gens en qui ils ont confiance -et la famille joue ici un grand rôle, lit-on. Plus il y aura de jeunes qui parlent à leurs parents, meilleures seront les chances d'Obama d'être élu le 4 novembre. SVP, faites votre part. Parlez à vos parents aujourd'hui.»

Aussi amusante soit-elle, l'efficacité réelle d'une telle campagne reste à prouver. Chose certaine, «l'Obamanie» aura éveillé ou ravivé l'intérêt de bien de jeunes pour la politique, ce qui n'est pas rien. En 2004, à peine 47% des 18-24 ans sont allés voter, comparativement à 72% des plus de 55 ans. Combien seront-ils mardi? Réussiront-ils à battre le record de participation des jeunes (55%), atteint en 1972, au moment où l'opposition à la guerre du Vietnam galvanisait une bonne partie de la jeunesse et que le 26e amendement avait abaissé le droit de vote à 18 ans? Difficile à prédire. Mais on sait déjà que les jeunes ont été beaucoup plus nombreux qu'en 2004 à voter lors des primaires. Si la tendance se maintient, cet élan pourrait bien faire la différence le 4 novembre dans les États où «mama» hésite à voter pour Obama.