Dans tous les Etats-Unis, les admirateurs de Sarah Palin ont bu les paroles et goûté le style populaire de leur candidate lors du débat télévisé entre les deux candidats à la vice-présidence.

La colistière du républicain John McCain, accusée d'inexpérience, a su se défendre face à son adversaire Joe Biden, qui partage le «ticket» démocrate avec Barack Obama, estimaient les sympathisants républicains.

«Elle s'est bien tenue face à un homme politique expérimenté et policé», a relevé le patron du Conservative Cafe, un établissement de Crown Point (Indiana, nord) qui comme son nom l'indique sert de point de ralliement à la droite locale.

Mme Palin a redynamisé le «ticket» républicain depuis sa désignation par John McCain le 29 août, s'attirant une forte popularité parmi les classes moyennes avec un style décomplexé et parfois gouailleur qui tranche avec la politique washingtonienne.

«Elle a été phénoménale», estimait Peggy Guzzo, rencontrée à Dublin (Ohio, nord) avec un groupe d'une centaine de militants républicains venus écouter leur idole au restaurant Hoggy's Barbecue. «Elle s'est emparée de la scène. Elle est très authentique et sincère et parle avec de vraies convictions. C'est ce que j'adore chez elle».

Même si l'effet Palin s'est estompé ces derniers jours dans les sondages, la séduction de la candidate républicaine semblait dépasser son camp.

«En tant que démocrate, je suis estomaquée. Je trouve qu'elle a du répondant et Biden a l'air sidéré. Palin l'a mis sur la défensive», estime Marilu Sochor, de Powell, dans l'Ohio.

«Elle est fantastique», s'enthousiasme Tasha Allison-Holmes de Worthington, dans l'Ohio, ancienne fan de la démocrate Hillary Clinton, passée dans le camp McCain. «Sa prestation a dépassé toutes nos attentes. Elle a paru intelligente et impertinente. J'aime ça», ajoute-t-elle.

L'ambiance, au coeur du très démocrate Los Angeles, est bien différente. Dès que Sarah Palin parle, chacun s'exclame, secoue la tête, l'air atterré.

«Franchement, je suis terrifiée!,» avoue Robin Dicker, une assistante de production de 35 ans. «Son message est essentiellement basé sur la peur. Et cela m'inquiète de savoir que c'est à cela que les Américains, au centre des Etats-Unis, vont réagir», se demande-t-elle depuis les collines de Hollywood.

Julie Cabe, enseignante de 24 ans, ajoute: «Cela m'agace quand elle parle de francs-tireurs. Nous ne votons pas pour un franc-tireur, nous votons pour un président.»

A l'autre bout du pays, dans un restaurant du quartier branché d'Adams Morgan, à Washington, Ambiya Pinnix, 26 ans, n'en croit pas ses oreilles. «C'est une idiote, et en plus elle flirte,» s'exclame-t-elle.

«Elle en fait des tonnes face à la caméra pour masquer son incompétence. Il ne faut pas la considérer comme une bonne candidate, juste parce qu'elle peut mener un débat. Biden, lui, comprend ce qu'il dit», remarque Ambiya Pinnix.

Dans l'Etat de Sarah Palin, en Alaska, les clients du café «Big I» à Fairbanks sont partagés.

«C'est une personne bien, mais elle n'a pas d'expérience», reconnaît Neil Connelly, un ouvrier du bâtiment.

Mais pour Wayne Miller, un syndicaliste, pas de question à se poser: «C'est pour ça qu'elle est là, parce que Dieu l'a placée là».