La seconde contamination par le virus Ebola d'une soignante aux États-Unis est «très inquiétante», selon les autorités sanitaires américaines qui se «préparent à l'éventualité de nouveaux cas dans les jours prochains».

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«L'enquête permet d'identifier des personnels soignants supplémentaires qui seront suivis de très près et nous nous préparons à l'éventualité de nouveaux cas dans les jours prochains», a déclaré le directeur des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), le docteur Thomas Frieden.

Tout comme la première infirmière atteinte par Ebola, la seconde soignante contaminée a eu «beaucoup de contacts» entre les 28 et 30 septembre avec le Libérien hospitalisé à Dallas, depuis décédé, ont précisé les services de Santé du Texas.

Cette soignante, qui a été placée à l'isolement mardi puis transférée mercredi à l'hôpital Emory d'Atlanta, avait pris un vol intérieur un jour avant de ressentir les premiers symptômes.

«Elle n'aurait pas dû voyager sur un vol commercial», a déclaré Thomas Frieden qui a rappelé la nécessité, pour les personnes sous surveillance susceptibles d'être atteintes d'Ebola, de limiter leurs déplacements et de ne pas prendre de transports en commun.

Les autorités sanitaires ont demandé aux 132 personnes à bord du vol 1143 de Frontier Airlines entre Cleveland et Dallas/Fort Worth du 13 octobre de contacter les CDC.

La soignante se surveillait elle-même pour d'éventuels symptômes de la maladie, mais quand elle a pris l'avion le 10 octobre pour partir à Cleveland «on ne savait pas qu'il y avait eu exposition en soignant le patient» mort d'Ebola, a précisé M. Frieden.

Le risque de contamination pendant ce déplacement est toutefois «extrêmement faible» car la soignante ne présentait lors de son voyage aucun symptôme d'Ebola, comme la fièvre, des vomissements ou des diarrhées, a souligné M. Frieden, précisant que sa température était de 37,4 degrés le 13 octobre alors que le seuil d'alerte est fixé à 38 degrés.

L'hôpital d'Emory a indiqué dans un communiqué que la soignante serait soignée dans la même unité d'isolement qu'un autre patient non identifié -- un médecin qui aurait été évacué de la Sierra Leone le mois dernier.

Le directeur des CDC avait avancé l'hypothèse d'une faille de protocole pour expliquer le premier cas de contamination.

Mais un syndicat d'infirmières a répliqué mardi qu'aucun protocole n'avait été fourni pour traiter les patients touchés à l'hôpital de Dallas.

Après ce second cas, le président Barack Obama a assuré mercredi, à l'issue d'une réunion d'urgence sur l'épidémie, que les États-Unis allaient répondre de manière «beaucoup plus agressive» face à Ebola pour éviter de nouveaux cas sur le sol américain.

Il a toutefois rappelé que la transmission du virus ne se faisait pas par voie aérienne et qu'une personne n'était pas contagieuse tant que les symptômes ne s'étaient pas manifestés. «J'ai serré la main, pris dans mes bras et embrassé (...) des infirmières» à Emory «et je me suis senti complètement en sécurité», a-t-il témoigné.

Le président de la Chambre des représentants et d'autres responsables parlementaires ont suggéré mercredi à l'administration de Barack Obama de fermer le territoire américain aux ressortissants des trois pays africains au coeur de l'épidémie du virus Ebola.

PHOTO LM OTERO, ASSOCIATED PRESS

Comme le premier cas, la personne contaminée est un professionnel de santé qui s'est occupé du Libérien Thomas Duncan qui a succombé au virus Ebola dans un hôpital de Dallas, ont précisé les services de Santé du Texas.

Aides américaine et norvégienne

L'hôpital texan où un Libérien est mort d'Ebola et où deux soignants ont été contaminés n'avait pas fourni au personnel de protocole pour traiter les patients touchés par le virus, a affirmé mercredi un syndicat d'infirmières.

Le syndicat, qui se base sur des témoignages du personnel de l'hôpital presbytérien de Dallas, répond ainsi au directeur des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), Tom Frieden, qui avait émis l'hypothèse d'un manquement aux procédures pour expliquer la contamination de la soignante.

«Le CDC affirme que les protocoles n'ont pas été suivis, mais les infirmières disent qu'il n'y avait pas de protocole», a déclaré la présidente du Syndicat national des infirmières, Roseann DeMoro.

Ni lorsqu'il a été admis aux urgences ni lorsqu'il a été pris en charge ensuite par l'hôpital, les infirmières ne disposaient de consignes spécifiques pour traiter le patient libérien, décédé la semaine passée, a expliqué Mme DeMoro.

Alors que le malade vomissait et était atteint de diarrhées, aucune indication n'a été donnée aux infirmières sur la manière de nettoyer ces matières hautement contagieuses, pas plus que de se débarrasser des serviettes souillées, a détaillé Mme DeMoro.

De plus, les échantillons provenant du malade qui ont été analysés au laboratoire de l'hôpital n'ont été l'objet d'aucune procédure particulière, a ajouté la co-présidente du syndicat, Deborah Burger.

Ces échantillons «n'ont pas été scellés de façon spécifique ni remis à la main». Ils ont été envoyés par le système de tubes pneumatiques de l'hôpital, qui désormais «risque d'être entièrement contaminé», a dénoncé Mme Burger.

Les membres du personnel de l'hôpital qui ont témoigné ont requis l'anonymat par peur de sanction, a indiqué le syndicat.

L'épidémie d'Ebola, qui fait rage en Afrique de l'Ouest, a tué plus de 4000 personnes depuis le début de l'année.

-Avec Michel Langan