Un responsable de l'ONU a appelé vendredi toutes les parties en conflit en Ukraine, théâtre d'un regain de violence, à respecter «totalement» le cessez-le-feu prévu dans les fragiles accords de paix de février, que Kiev et rebelles prorusses s'accusent réciproquement de violer.

L'Union européenne devrait prolonger de son côté les lourdes sanctions économiques prises contre la Russie jusqu'en janvier, a appris l'AFP vendredi de sources concordantes.

Les présidents américain et ukrainien ont aussi affirmé dans un échange téléphonique vendredi la nécessité de «continuer à faire pression» sur Moscou par des sanctions, a rapporté Kiev.

Le secrétaire général adjoint de l'ONU aux Affaires politiques, Jeffrey Feltman, a estimé dans la matinée devant le Conseil de sécurité réuni en urgence que «nous sommes en train d'assister soit à l'aggravation d'un conflit difficile à régler, soit à un regain temporaire de tensions dans certaines zones».

Or, «nous ne pouvons nous permettre aucun de ces scénarios», a-t-il souligné.

L'armée ukrainienne a accusé vendredi les rebelles séparatistes de viser ses positions autour de Donetsk (est), tandis que les séparatistes prorusses reprochaient aux forces ukrainiennes d'utiliser des systèmes de lance-roquettes multiples.

L'Ukraine elle-même avait demandé au Conseil de sécurité d'évoquer l'offensive des séparatistes prorusses à Mariinka, à l'est de Donetsk, qui a fait 28 morts mercredi, selon le représentant de Kiev auprès des Nations unies, Iouri Sergueïev.

«Les développements autour de Mariinka sont inquiétants», a estimé vendredi devant le Conseil Alexander Hug, chef-adjoint de la mission d'observation de l'OSCE en Ukraine, qui a évoqué les «inquiétudes» suscitées par les livraisons de ce type d'armements.

L'UE, les États-Unis, ainsi que Paris et Berlin, parrains des très fragiles accords de paix de Minsk 2, signés le 12 février, ont unanimement exprimé leur préoccupation au sujet de cette reprise des affrontements dans la partie orientale de l'Ukraine, Moscou avertissant de son côté que le processus de paix risquait de «voler en éclats».

«Moment décisif»

L'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine, a accusé les forces ukrainiennes de viser des civils et de ne pas respecter leurs engagements. «Nous sommes à un moment décisif», a-t-il estimé. «Si nous laissons Kiev continuer à ne pas prendre les mesures politiques nécessaires dans le Donbass, la situation pourrait échapper à tout contrôle, avec des conséquences imprévisibles», a-t-il prévenu.

Mais pour l'ambassadrice des États-Unis à l'ONU, Samantha Power, «les récentes violences proviennent d'un assaut combiné séparatiste et russe».

Mme Power doit se rendre à Kiev la semaine prochaine pour rencontrer des responsables ainsi que les habitants «les plus affectés par ce conflit alimenté par Moscou», selon son compte Twitter.

Dans un échange téléphonique, le président ukrainien Petro Porochenko et son homologue américain Barack Obama ont évoqué l'offensive contre Mariinka qui, selon Kiev, constitue «une grave violation des accords de Minsk».

Selon le porte-parole de la Maison-Blanche, «le président (américain) a réaffirmé le soutien important des États-Unis pour la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine».

En vue du G7, dimanche et lundi en Allemagne, ils ont affirmé la nécessité de «continuer à faire pression sur la Russie, y compris par des sanctions, afin que la Russie et les combattants qu'elle soutient honorent les accords de Minsk».

Le dirigeant ukrainien s'entretiendra aussi en Allemagne avec la chancelière Angela Merkel.

Une source diplomatique française a évoqué l'«intérêt» des séparatistes prorusses à «dramatiser» la situation en Ukraine à l'approche du sommet du G7.

Le dirigeant ukrainien n'a cessé de mettre en garde contre la menace d'une «guerre totale» avec la Russie, accusée de soutenir et d'armer la rébellion dans l'Est séparatiste, après avoir annexé en mars 2014 la péninsule de Crimée.

«La menace d'une invasion russe n'a jamais été aussi grande», a-t-il encore affirmé vendredi, assurant que plus de 9000 soldats russes se trouvaient actuellement sur le territoire ukrainien.

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a de son côté accusé la Russie de «continuer à soutenir les séparatistes (...) avec des équipements lourds, de l'artillerie».

Les récents combats ont été les plus intenses depuis la reprise par les rebelles du noeud ferroviaire stratégique de Debaltseve, à mi-chemin des bastions rebelles de Donetsk et de Lougansk, peu après l'entrée en vigueur, le 15 février, du cessez-le-feu conclu à Minsk.

À Telmanové, à 60 kilomètres de Donetsk, un bébé a été tué et trois adultes ont été blessés jeudi, a indiqué vendredi Edouard Bassourine, un responsable du «ministère» de la Défense de la «République populaire de Donetsk». Un combattant de la DNR a également été tué et quatre autres ont été blessés au cours des dernières 24 heures.

De leur côté, les forces ukrainiennes pro-occidentales ont qualifié la situation d'«instable». Quatre soldats ont été blessés ces dernières 24 heures, selon le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko.

Le conflit dans l'est a déjà fait plus de 6400 morts depuis son déclenchement en avril 2014.