Menaces de nouvelles sanctions européennes contre la Russie, accusations de l'ONU contre les rebelles, escalade verbale entre Moscou et l'Otan : la crise ukrainienne ne connaissait pas de répit mardi, alors que les combats continuaient et que l'incompréhension était totale entre Russes et Occidentaux.

L'Union européenne a annoncé qu'elle envisageait de nouvelles sanctions contre la Russie, en raison de sa «responsabilité» dans la «détérioration de la situation dans l'est de l'Ukraine», où la trêve instaurée début décembre a volé en éclats ces dernières semaines.

Les ministres européens des Affaires étrangères, qui se réuniront jeudi, seront ainsi chargés «d'envisager toute action appropriée, en particulier de nouvelles sanctions», a annoncé l'UE dans un communiqué.

Dans ce contexte, la chef de la diplomatie de l'UE Federica Mogherini a indiqué sur son compte Twitter s'être entretenue par téléphone avec le président ukrainien Petro Porochenko et avec le secrétaire d'État américain John Kerry, dont le pays a lui aussi brandi la menace de nouvelles sanctions contre Moscou.

Bien que la nature exacte de ces nouvelles sanctions reste pour le moment inconnue, elles risquent d'aggraver davantage la situation économique de la Russie, dont la note de la dette souveraine vient d'être abaissée à la catégorie «spéculative», ou «pourrie» en jargon financier, par l'agence américaine Standard & Poor's.

Si des informations parues dans la presse sur la possibilité d'une exclusion de la Russie du système interbancaire Swift n'ont pas été confirmées officiellement, le premier ministre russe Dmitri Medvedev a d'ores et déjà réagi, promettant une «riposte illimitée» de Moscou, selon les agences de presse russes.

Dans la même veine, la diplomatie russe a dénoncé la «campagne antirusse» lancée par Washington contre Moscou, après l'arrestation à New York d'un espion russe présumé.

Les Occidentaux, dont les relations avec Moscou sont à leur niveau le plus bas depuis la fin de la Guerre froide en 1991, ont durci le ton après le regain des violences dans l'est de l'Ukraine, où la Russie est accusée par Kiev et les Occidentaux de soutenir militairement les séparatistes prorusses.

Ils ont été particulièrement choqués par les bombardements de la ville ukrainienne de Marioupol, samedi, qui ont tué 30 civils. Un haut responsable de l'ONU a accusé lundi les rebelles d'avoir «sciemment» ciblé des civils.

Processus de paix dans l'impasse

Si Marioupol n'a pas essuyé de nouvelles attaques depuis samedi, les violences se poursuivaient sur d'autres points de la ligne de front, où au moins quatorze personnes - neuf soldats et cinq civils - ont été tuées en 24 heures selon des bilans séparés de Kiev et des autorités séparatistes.

Le plus grand nombre d'attaques rebelles a été enregistré près de la ville stratégique de Debaltseve, un important noeud ferroviaire situé une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Donetsk, selon l'armée ukrainienne.

Parallèlement, à Kiev, le Parlement a adopté une résolution qualifiant la Russie d'«État agresseur» et exhorté l'Occident à reconnaître comme «organisations terroristes» les républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk.

Si l'UE accepte de le faire, elle pourrait élargir davantage ses sanctions, y ajoutant des entreprises ou des particuliers russes considérés désormais comme des soutiens «terroristes», selon des experts.

Malgré l'urgence, un processus de paix permettant de trouver une solution à ce conflit, qui a déjà fait plus de 5000 morts depuis son début en avril, semble dans l'impasse.

Lundi, Vladimir Poutine avait ouvertement défié l'Occident, accusant l'Otan de se servir de l'armée ukrainienne comme d'une «Légion étrangère de l'Otan» pour «contenir» la Russie.

«Un non-sens», avait aussitôt rétorqué le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg. «Il n'y a pas de légion de l'Otan, les forces étrangères en Ukraine sont russes», avait-il lancé.

Pour tenter d'apaiser les tensions, le président français François Hollande, «très inquiet», s'est entretenu successivement lundi soir au téléphone avec M. Poutine et la chancelière allemande Angela Merkel. Il a insisté sur «la nécessité de mettre fin urgemment aux agressions et à cette situation dramatique», a précisé l'Élysée, qui n'a cependant pas fait état de progrès dans les négociations.