L'église catholique de rite orientale d'Ukraine a dénoncé samedi l'enlèvement d'un de ses prêtres de Sébastopol par des hommes armés en Crimée, dernier en date d'une série de disparitions de militants favorables ou opposés au rattachement de la Crimée à la Russie.

Le père Mykola Kvitch, aumônier de l'armée ukrainienne en Crimée, a été brièvement enlevé dans sa paroisse proche du cimetière de Sébastopol, a indiqué son Église. Mais la police locale a annoncé ensuite que le prêtre avait été interpellé, puis remis en liberté après une perquisition de son appartement où dix gilets pare-balles ont été découverts.

Depuis la prise de contrôle fin février par les forces russes de la Crimée, la police est passée sous le contrôle des séparatistes pro-russes et collabore avec les milices d'autodéfense pro-russes très présentes.

De nombreux prêtres et responsables de l'Église catholique de rite oriental, bien implantée surtout dans l'ouest de l'Ukraine, avaient apporté leur soutien  aux opposants du Maïdan à Kiev dont le mouvement a renversé le président pro-russe Viktor Ianoukovitch.

Le rôle du prêtre enlevé en tant qu'aumônier militaire «pourrait être la raison» de son enlèvement par les groupes d'autodéfense de la Crimée, a estimé l'un de ses supérieurs, le père Lyubomyr Iavorski.

Plus tôt dans la journée, le groupe pro-russe de Sébastopol Rousski Blok a dénoncé l'enlèvement à Sébastopol de son dirigeant local Guennadiï Bassov, «saisi par neuf personnes et emmené à bord d'un minibus bleu». Depuis il n'a plus été possible de le joindre sur son téléphone portable.

La police a indiqué devoir «vérifier» la plainte de son groupe avant de le faire porter officiellement disparu.

Les enlèvements sont souvent difficiles à confirmer officiellement, car le ministère ukrainien de l'Intérieur n'a plus de pouvoir en Crimée et les nouvelles à ce sujet semblent parfois relever de la «guerre d'information» entre groupes ennemis.

Ainsi, trois militantes, dont une journaliste, du groupe ukrainien Automaïdan, opposé à la sécession, ont été portées disparues cette semaine après avoir été vues pour la dernière fois à un point de contrôle pro-russe. Lorsqu'elles ont été relâchées, la journaliste Olena Maksimenko a dit que l'expérience avait été «difficile sur le plan psychologique».

Elle a raconté avoir été détenue sur une base militaire à Sébastopol. Ses ravisseurs lui ont mis une corde au cou et elle a été frappée au visage par un cosaque. Les militantes ont été interrogées pour savoir «pour qui elles travaillaient et qui les payait», a-t-elle ajouté.

«Ils ont cherché à me faire dire que j'étais une sorte d'espionne», a-t-elle ajouté.

On est sans nouvelles d'un autre groupe de trois militants pro-Ukraine, dont Olexiï Gritsenko, fils de l'ancien ministre de la Défense Anatoliï Gritsenko, disparu jeudi à Simféropol.

Anatoliï Gritsenko a indiqué sur sa page Facebook que son fils s'occupait de l'approvisionnement des bases de l'armée ukrainienne. Ces bases sont souvent encerclées par des groupes pro-russes.

«Je n'arrête personne, mais si quelqu'un vient ici avec de mauvaises intentions, les forces de l'ordre s'occuperont de lui», avait dit vendredi à la presse le premier ministre pro-russe de la Crimée Serguiï Axionov, mettant en garde contre des «provocateurs».