Les techniciens de la centrale nucléaire de Fukushima ont continué mercredi à lutter sur tous les fronts, réussissant à colmater une fuite d'eau hautement radioactive tout en lançant une opération pour prévenir une nouvelle explosion d'hydrogène.

L'obturation de la fuite est la première bonne nouvelle depuis bientôt quatre semaines pour Tokyo Electric Power (Tepco), opérateur et propriétaire de Fukushima Daiichi (N°1), gravement endommagée par le séisme et le tsunami qui ont fait plus de 27 000 morts et disparus le 11 mars.

Mais Tepco est encore loin d'avoir réussi à écarter le risque d'une crise nucléaire qui pourrait être encore plus grave que celle de Tchernobyl il y a 25 ans.

Les techniciens ont prévu d'injecter de l'azote dans l'enceinte de confinement du réacteur 1 où l'accumulation d'hydrogène pourrait provoquer une nouvelle explosion, similaire à celles qui se sont produites les 12 et 14 mars.

Cette opération «d'inertage» pourrait débuter mercredi soir et durer plusieurs jours, selon la société.

Après de longs efforts infructueux, les techniciens ont finalement réussi à boucher une brèche de 20 cm dans une fosse technique située au bord de l'océan en injectant du verre soluble (silicate de sodium), un agent chimique qui a pour propriété de se solidifier au contact de l'eau.

Un volume important d'eau très contaminée, provenant du réacteur 2, s'échappait jour et nuit de cette fosse, à un rythme estimé à sept tonnes par heure. Cette fuite était à l'origine d'une élévation importante du taux d'iode radioactif 131 dans les prélèvements d'eau de mer, à proximité de la centrale.

Mais le risque de contamination de l'environnement marin n'est pas pour autant écarté, soulignent les experts.

Les opérations de rejet en mer de 11 500 tonnes d'eau faiblement radioactive, selon Tepco, doivent se poursuivre jusqu'à vendredi en face de la centrale et à 250 kilomètres seulement de la mégapole de Tokyo et de ses 35 millions d'habitants.

L'évacuation de cette eau dans l'océan, où les radioéléments sont censés se diluer, est nécessaire afin de libérer des cuves de stockage destinées à être remplies d'eau hautement radioactive qui s'est accumulée dans les installations et les galeries techniques des réacteurs 2 et 3.

Cette eau polluée contient notamment de l'iode 131, dont la durée de vie se réduit de moitié tous les huit jours, et surtout du césium 137, qui lui reste actif pendant des décennies.

Les rejets massifs d'eau polluée dans l'océan risquent de peser encore sur les exportations de produits frais du Japon.

Aliments interdits

L'Inde a décrété mardi une interdiction totale des importations de produits alimentaires japonais, pour une durée de trois mois éventuellement renouvelable.

Il s'agit du premier pays à appliquer une telle décision, alors que la Chine, Taïwan, Singapour, la Russie et les États-Unis ont limité leurs interdictions aux produits venant de certaines régions du Japon.

L'Union européenne, qui a introduit depuis le 24 mars des contrôles à l'entrée des produits venant de ces régions, a décidé de renforcer le niveau de radioactivité autorisé en s'alignant sur les normes du Japon, encore plus sévères.

Quelle qu'en soit l'issue, l'accident de Fukushima va coûter très cher à Tepco, la première société d'électricité du Japon, en termes d'indemnisations aux populations et aux entreprises du nord-est.

Dédommagement

Elle va commencer à dédommager les 80 000 personnes évacuées dans un rayon de 20 km autour du site nucléaire, en versant un million de yens ( environ 12 000$ CAN) par foyer, a indiqué mercredi la télévision publique NHK.

Le ministre du Commerce, Banri Kaieda, a souhaité que cette indemnisation, qui ne sera pas définitive, soit déboursée «rapidement».

Tepco va également devoir calculer, avec le gouvernement, les énormes dédommagements qu'elle devra verser aux entreprises, agriculteurs et pêcheurs affectés par l'accident.

Dans ce contexte, l'action a encore perdu mercredi 6,90% à 337 yens, son nouveau plus bas niveau historique.

L'impact économique de l'accident ne cesse de s'alourdir pour l'archipel, qui a vu le nombre d'étrangers arrivant à Tokyo chuter de 75% depuis le 11 mars par rapport à l'an dernier. Les espoirs d'accueillir un nombre record de touristes (11 millions) cette année se sont évanouis.