Ambiance électrique et bière à volonté: les Écossais se préparent à veiller jusqu'au petit matin pour connaître le résultat d'un référendum sur l'indépendance qui pourrait changer leur vie, les derniers sondages prédisant une courte victoire du Non.

» Les Écossais aux urnes

Les bureaux de vote ont fermé jeudi soir à 22h, heure locale (17h, heure du Québec). Cette consultation historique dont les résultats seront connus vendredi matin pourrait conduire à l'éclatement du Royaume-Uni.

De Glasgow à Édimbourg, les électeurs devaient répondre à la question «L'Écosse doit-elle devenir un pays indépendant?», et décider de mettre fin ou non à une alliance qui remonte à 1707.

Une participation record de l'ordre de 80% est attendue de la part des 4 285 323 résidents écossais de 16 ans et plus appelés à se prononcer, parmi lesquels 600 000 ont déjà voté par correspondance.

«Ça a été une journée très chargée», a déclaré à l'AFP Peter Macvean, l'un des responsables des opérations dans l'un des bureaux de vote d'Édimbourg. «Les gens étaient très motivés», a-t-il ajouté.

Une heure avant la clôture, des électeurs continuaient à affluer.

Les 2600 bureaux de vote, éparpillés sur un territoire représentant le tiers de la superficie du Royaume-Uni, doivent désormais passer au dépouillement.

Les derniers sondages ont prédit une courte victoire du Non, rattrapé en fin de campagne par le Oui, mais avec une avance se situant dans la marge d'erreur de 3%. Ajoutant au suspense, le dernier carré des indécis s'inscrivait dans une fourchette de 4 à 14%.

Fêtards enthousiastes

Au Kilderkin, pub du vieil Édimbourg, avant même la fermeture des bureaux de vote, les clients, mêlant très jeunes gens et adultes aux tempes grisonnantes, débordaient sur le trottoir. La plupart des fêtards sont pour l'indépendance.

Photo Reuters

De Glasgow à Édimbourg, près de 80% des 4 285 323 électeurs, selon les dernières estimations, ont fait le déplacement pour participer au référendum.

«Nous sommes plus passionnés. Nous sommes plus enthousiastes» que le camp du non, s'exclame Cailib Wall, 17 ans, qui compte rejoindre ses amis au pub.

Pour le moment, les joues peintes en bleu et blanc, les couleurs du drapeau écossais, il campe devant le Parlement régional d'Holyrood, avec 200 autres personnes. «We're voting yes», chante la foule qui continue d'affluer.

Les drapeaux écossais bleu à croix blanche se mêlent aux bannières catalanes et galloises tandis qu'un homme joue de la cornemuse.

Plus d'alcool après 3h

Esin, une employée de bureau de 35 ans, restera devant Holyrood une petite heure, avant de rentrer chez elle. Elle a emmené son fils de 8 ans, et des bougies.

«Je pense honnêtement que l'indépendance est la meilleure des choses pour mon pays, pour mon enfant». En cas de défaite, «je serai complètement anéantie», avoue-t-elle. Mais elle en est persuadée: «Ce vote aura changé la façon dont les gens voient la politique, dont ils votent».

«Nous serions le seul pays qui aurait dit non à l'indépendance? Ce serait vraiment embarrassant», estime Dylan McDonald, 17 ans, heureux que le vote ait été ouvert aux jeunes dès 16 ans. «Cela nous encourage à voter plus à l'avenir».

Au Kilderkin, où la bande-son joue notamment «The final countdown» du groupe Europe, un petit groupe de pro-non s'est glissé.

«Nous sommes nerveux à propos des résultats. Les sondages sont serrés», dit Stuart Hepburn, 24 ans, qui travaille pour un fabricant de bière, alors qu'une ultime enquête d'opinion YouGov auprès de 1828 personnes ayant voté donnait le non vainqueur à 54%.

Il ne ressent en revanche aucune agressivité de la part des pro-indépendantistes en majorité numérique.

Quel que soit le résultat, «nous devrons vivre ensemble», dit son ami Denis Henderson qui a aussi voté non.

Pour éviter que les esprits ne s'échauffent trop, les pubs ouverts cette nuit doivent arrêter de servir de l'alcool à partir de 3h. «Ensuite on aura droit au café seulement», plaisante Dennis Henderson. Des policiers patrouillent aussi, à l'affût de tout débordement.

Soudain des cris «Vote yes» se font entendre. Auxquels répondent des «Vote yes».

Mais les jeux sont déjà faits. Dans le centre de dépouillement, situé un peu à l'extérieur d'Édimbourg, le travail a déjà commencé. Signe de la passion suscitée par cette consultation, la participation avoisinerait les 90% dans certaines zones.

À Aberdeen, sur la côte nord-ouest de l'Écosse, les bulletins arrivés par correspondance sont les premiers à être décomptés.