Les colons israéliens se préparaient à relancer la construction en Cisjordanie à l'expiration du gel dimanche à minuit alors que les États-Unis tentent toujours de trouver un compromis de dernière minute pour sauver les négociations de paix israélo-palestiniennes.

Les colons disent avoir mobilisé des dizaines de bulldozers, prêts à redémarrer la construction dimanche soir.

Symboliquement, les colons, soutenus par l'aile droite du Likoud, le parti du premier ministre Benjamin Nétanyahou, prévoient de poser la première pierre d'un nouveau quartier à Kiryat Netafim, une colonie du nord de la Cisjordanie, dès dimanche après-midi.

«De la même façon que le gel a été total, la reprise des constructions doit être totale, comme s'y est engagé le gouvernement», a plaidé Danny Dayan, le leader de Yesha, la principale organisation des colons de Cisjordanie.

Ces derniers ont également l'intention de lancer un décompte géant dimanche soir, tandis que des militants du Likoud ont annoncé avoir affrété une centaine d'autobus qui doivent sillonner la Cisjordanie en signe de solidarité avec les colons.

«Le message de la Judée-Samarie (nom biblique de la Cisjordanie) est destiné au premier ministre. Nous lui disons: «Reste fidèle à la voie tracée par le Likoud, résiste aux pressions du président Obama et continue à construire partout»», a pour sa part affirmé le député du Likoud Danny Danon.

Israël Beitenou, un parti ultra-nationaliste ainsi que le Shass, une formation ultra-orthodoxe, les deux principaux alliés du Likoud dans la majorité s'opposent également à toute prolongation du gel.

En face, le secrétaire général de La Paix Maintenant, un mouvement anticolonisation, Yariv Oppenheimer, a estimé que «le gel presque total de la construction prouve bien que le gouvernement dispose des moyens d'arrêter les colons».

Selon la radio publique, les mises en chantier de plus de 1 500 logements, ayant obtenu tous les permis nécessaires des autorités israéliennes, peuvent commencer «immédiatement».

Sur le front diplomatique, les États-Unis poursuivaient leurs efforts intensifs pour tenter de trouver in extremis un compromis.

Afin de sauver les négociations directes qui ont repris le 2 septembre à Washington après 20 mois d'interruption, la communauté internationale -le président Obama en tête- a expressément demandé à M. Nétanyahou de prolonger son moratoire.

En réponse, Israël s'est dit «disposé à parvenir à un compromis agréé par toutes les parties» tout en répétant qu'«il ne saurait y avoir zéro construction» dans les colonies.

Côté palestinien, le président Mahmoud Abbas, qui a le soutien de la Ligue arabe, a jusqu'à présent rejeté toute «solution partielle», tout compromis qui ne garantirait pas un «arrêt total» de la colonisation.

Israël doit «choisir entre la paix et la poursuite de la colonisation», a affirmé samedi à la tribune de l'ONU le chef de l'Autorité palestinienne qui est arrivé dimanche à Paris. Il doit rencontrer lundi le président français Nicolas Sarkozy.

Selon la radio publique israélienne, M. Nétanyahou a poursuivi dans la nuit de samedi à dimanche ses consultations avec ses proches conseillers et pourrait publier un communiqué officiel dimanche après midi.

«Nétanyahou sous pression doit choisir entre Obama et les bulldozers», titre dimanche le journal Maariv tandis que le quotidien populaire Yediot Aharonot se demande qui «de Obama, de Nétanyahou ou de Abbas va céder le premier».

«En fait, aucun d'entre eux, du moins pas dans l'immédiat. Ce qui va se dissiper, ce sont les chances, aussi minimes qu'elles aient été, de progresser vers un accord israélo-palestinien», souligne l'éditorialiste du Yédiot, pessimiste.