À deux semaines de l'élection présidentielle américaine, Hillary Clinton a encore accru son avance dans les sondages face à Donald Trump, désormais menacé dans certains États traditionnellement républicains.

Selon une enquête ABC News publiée dimanche, la candidate démocrate, qui espère devenir la première présidente de l'histoire des États-Unis, obtient 50% des intentions de vote, son score le plus élevé depuis le début de la campagne, contre 38% pour l'homme d'affaires de New York.

«Nous parlons de ce qui est en jeu dans cette élection, en insistant sur le contraste (entre les candidats). Mais nous voulons donner des raisons de voter «Pour» pas seulement «Contre»», a-t-elle expliqué samedi soir.

Consciente qu'une victoire le 8 novembre passe par une forte mobilisation des minorités, l'ancienne secrétaire d'État s'est exprimée dimanche matin dans une église de la communauté noire à Durham, en Caroline du Nord.

Barack Obama l'avait emporté de justesse dans cet État en 2008, et avait perdu quatre ans plus tard. La campagne Clinton y tourne désormais à plein régime.

En présence notamment de Sybrina Fulton, la mère de Trayvon Martin, adolescent noir dont la mort avait choqué l'Amérique en 2012, elle a appelé à la lucidité face au «racisme systémique» qui demeure dans le pays.

Mais elle a aussi accusé son adversaire républicain de dresser «un tableau lugubre des centres-ville et de la communauté afro-américaine» et d'ignorer les «succès» de nombre de figures dans la communauté noire dans tous les domaines.

«Cette élection n'est pas terminée»

Selon le site RealClearPolitics, la moyenne des sondages nationaux montre une avance de près de six points pour Hillary Clinton (47,7% contre 41,9%), qui est en tête dans la plupart des États-clé comme la Pennsylvanie, la Virginie ou la Floride.

Même dans certains États avec une tradition solidement républicaine, M. Trump ne jouit que d'une faible avance, comme au Texas où il mène de seulement trois points.

La dernière enquête de ABC News indique également que 69% des personnes interrogées désapprouvent la réponse de Donald Trump aux femmes qui l'accusent d'agression sexuelle ou de harcèlement.

Samedi il les a accusées de «mentir» et a promis de les traîner en justice après l'élection.

L'homme d'affaires n'a plus qu'un léger avantage chez les électeurs blancs (47% contre 43%) chez qui les différences de niveaux d'éducation influencent le choix. M. Trump a ainsi 19 points d'avance chez les Blancs dépourvus d'un diplôme universitaire (55% contre 36%) tandis que Mme Clinton a le soutien de 52% des Blancs avec un niveau d'études supérieures, contre 36% pour M. Trump.

Face à cette avalanche de sondages défavorables, le camp Trump appelle à ne pas tirer de conclusions hâtives.

«Nous sommes derrière», a reconnu sur Fox News Kellyanne Conway, directrice de campagne de Donald Trump, qui n'a pas pour habitude de faire ce genre d'aveux.

«Mais la réalité c'est que cette élection n'est pas terminée», a-t-elle ajouté aussitôt. «Nous sommes convaincus que nous pouvons gagner».

Profitant de ce contexte très favorable, Hillary Clinton a clairement indiqué ce week-end qu'elle entendait aussi s'impliquer dans la bataille pour le Congrès.

Son parti espère reprendre la majorité aux républicains au Sénat et l'affaiblir à la Chambre des représentants où ils ont 59 sièges de plus (247 contre 188).

Le 8 novembre, les Américains éliront leur président, mais aussi les élus de la Chambre pour deux ans et le tiers du Sénat pour six ans.

Donald Trump devait s'exprimer dimanche en fin de journée à Naples, en Floride. Il a reçu ce week-end l'appui d'un premier journal de taille: dans l'État-clé du Nevada, le Las Vegas Review-Journal a appelé à voter pour lui.

L'éditorial juge que Donald Trump ne représente «ni le danger mis en avant par ses détracteurs, ni l'élixir magique dont rêvent ses partisans». Mais, estime-t-il, il offrirait une forme de rupture avec les élites en place salutaire pour le pays.