Le soldat israélien Gilad Shalit, libéré mardi après 1941 jours de détention aux mains du mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, a retrouvé ses parents dans une base aérienne au sud d'Israël.

«Le soldat Gilad Shalit vient de retrouver ses parents. Au début de ces retrouvailles, le premier ministre a déclaré aux parents: «J'ai ramené votre enfant à la maison», a indiqué un communiqué du bureau de premier ministre Benyamin Nétanyahou.

Au moment où il a vu le sergent de 25 ans, «M. Nétanyahou lui a dit: Bonjour Gilad, bienvenue pour ton retour en Israël. C'est bon de t'avoir à la maison», a poursuivi le communiqué, reprenant les paroles d'une célèbre chanson populaire.

Dans un discours sur la base de Tel Nof, M. Nétanyahou a promis qu'Israël «continuerait à combattre le terrorisme».

«Tout terroriste qui reprendra ses activités, que le sang lui retombe sur la tête», a averti le premier ministre en citant la bible.

«Aujourd'hui, nous sommes tous unis dans la joie et la douleur. La mission de ramener chez lui Gilad Shalit sain et sauf a été menée à bien», s'est félicité le premier ministre qui a évoqué une «décision très difficile», en parlant de l'échange de prisonniers.

«Là bas (dans les Territoires palestiniens), on fête le retour d'assassins alors qu'ici nous sanctifions au contraire la vie», a opiné M. Nétanyahou.

Le ministre de la Défense Ehud Barak et le chef d'état-major, le général Benny Gantz, étaient également présents à cette cérémonie.

Le jeune homme, qui a aussi la nationalité française, devait se rendre dans l'après-midi dans le village de Mitzpé Hila, en haute Galilée (nord d'Israël), où vit sa famille.

«C'est un grand jour pour nous et pour Israël», a déclaré à l'AFP Sigal Sitton, une habitante qui ne pouvait cacher son émotion.

«J'attends ce moment depuis cinq ans, on a envoyé un soldat en mission et on l'a ramené», a renchéri Shimshon Libman, voisin de la famille Shalit, qui a été pendant plus de cinq ans le président du «Comité pour Gilad».

Le soldat israélien Gilad Shalit a été libéré mardi en échange d'environ 500 prisonniers palestiniens, aux termes d'un accord sans précédent.

«Je me sens en bonne santé» après ces «longues années», a-t-il dit dans sa première déclaration faite à la télévision égyptienne, selon la traduction en arabe de ses propos en hébreu. Esquissant parfois un sourire, il est néanmoins apparu pâle et parfois obligé de reprendre son souffle.

Précisant avoir appris il y a une semaine sa libération, le soldat, transféré de Gaza en Égypte avant son retour au pays, a tenu à remercier ceux qui ont participé à son élargissement ajoutant: «ma famille m'a beaucoup manqué, mes amis aussi».

Âgé aujourd'hui de 25 ans et tenu au secret durant toute sa période de captivité aux mains du mouvement islamiste palestinien Hamas, il a dit espérer que sa libération contre celle de centaines de détenus palestiniens «aiderait à réaliser la paix» entre Israéliens et Palestiniens.

La télévision égyptienne a été la première à le montrer au moment de sa libération et son transfert de la bande de Gaza vers l'Égypte, portant une casquette et des vêtements civils et marchant apparemment sans difficulté, entouré de personnels de sécurité.

Le soldat, qui a aussi la nationalité française, est ensuite arrivé en Israël. Le porte-parole de l'armée, le général Yoav Mordechaï, a confirmé que son état de santé est «bon et satisfaisant» «selon les premiers examens médicaux à la base d'Amitaï (près de Gaza)».

«Gilad Shalit a eu une première conversation émouvante avec sa famille. Il va ensuite être transporté vers la base de Tel Nof (sud)», où il rencontrera le premier ministre Benyamin Nétanyahou, le ministre de la Défense Ehud Barak et le chef d'état major Benny Gantz ainsi que ses parents», avait-il ajouté.

Les autorités israéliennes ont promis une «réception discrète en respectant les besoins du soldat et de sa famille». Shalit -automatiquement reconnu comme victime de stress post-traumatique- rentrera enfin chez lui à Mitzpe Hila, localité de Haute Galilée (nord).

La branche armée du Hamas a dit avoir réalisé une vidéo sur «les préparatifs de transfert de Shalit de la bande de Gaza à l'Égypte» qui sera selon elle diffusée sur les chaînes de télévision égyptiennes et palestiniennes.

Capturé par un commando palestinien le 25 juin 2006 en lisière de la bande de Gaza, le soldat est échangé contre un premier groupe de 477 Palestiniens -en majorité des condamnés à perpétuité- dont 27 femmes.

Après le transfert en Israël du soldat, un convoi de huit bus transportant quelque 300 prisonniers palestiniens libérés est entré à Rafah dans la bande de Gaza, venant d'Égypte.

Des centaines de leurs proches et des dignitaires, dont le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, les ont accueillis avant qu'ils ne se rendent à Gaza où quelque 200 000 personnes les attendaient selon le Hamas.

En Cisjordanie, un convoi de plusieurs autobus transportant des Palestiniens libérés est arrivé à Ramallah, où les ex-détenus ont été accueillis par le président Mahmoud Abbas.

Sur les 477 prisonniers, 133 seront autorisés à retourner chez eux dans Gaza contrôlée par le Hamas, 117 en Cisjordanie et 15 à Jérusalem-Est. En revanche, 204 Palestiniens seront bannis: 164 vers Gaza et 40 vers l'étranger (Turquie, Qatar et Syrie).

Les Palestiniens libérés, qui avaient embarqué dans les convois, avaient été menottés aux mains et aux pieds. Plus de 1000 policiers avaient été déployés le long des itinéraires empruntés les convois.

Six activistes d'extrême-droite qui tentaient de bloquer le convoi en s'allongeant sur la route pour dénoncer la libération des «terroristes» ont été arrêtés, selon la radio israélienne.

Suivant l'accord conclu le 11 octobre par l'intermédiaire de l'Égypte entre Israël et le Hamas, un second groupe de 550 détenus palestiniens doit être libéré dans les deux mois.

En relâchant au total 1027 prisonniers, dont beaucoup avec du sang sur les mains, Israël a consenti à payer le prix proportionnellement le plus élevé pour récupérer un seul de ses soldats.