George Zimmerman, un garde bénévole qui a tué un adolescent noir en 2012 en Floride, a été acquitté dans la nuit de samedi à dimanche par un jury populaire, à l'issue d'un procès marqué par une polémique sur le racisme qui a enflammé les États-Unis.

Le débat passionné opposait ceux qui croient que Zimmerman --dont le père est blanc et la mère Péruvienne-- avait tué le jeune noir par racisme et ceux qui sont convaincus qu'il avait agi en légitime défense.

George Zimmerman, 29 ans, avait tiré sur Trayvon Martin, 17 ans, une nuit de février 2012, lors d'une ronde de surveillance dans une propriété grillagée, après une altercation.

Les leaders communautaires, craignant des violences, ont aussitôt appelé au calme après le verdict, alors que des marches de protestation spontanées ont eu lieu dans la nuit dans plusieurs villes, dont San Francisco, Philadelphie, Chicago, Washington et Atlanta, selon les médias.

De nombreux journalistes et une foule de manifestants s'étaient rassemblés à l'extérieur du tribunal, protégé par un important dispositif de la police de Sanford. Beaucoup de manifestants chantaient: «Pas de justice, pas de paix».

Le leader des droits civiques Jesse Jackson a appelé à «éviter la violence». «Cela conduira à d'autres tragédies (...) en ce temps de désespoir», a-t-il écrit sur Twitter.

La famille de Trayvon Martin, qui était absente lors du verdict, a réagi sur les réseaux sociaux.

«Même si j'ai le coeur brisé, ma foi reste inébranlable et j'aimerais toujours mon bébé Tray», a écrit le père de Trayvon, Tracy Martin sur Twitter.

Le père et la mère, Sybrina Fulton Martin, ont remercié tous ceux qui leur ont manifesté leur soutien au cours de la dernière année.

L'activiste Al Sharpton a affiché une déclaration sur Facebook décrivant l'acquittement de Zimmerman comme «une gifle au peuple américain» et a indiqué avoir organisé une conférence téléphonique d'urgence avec des pasteurs pour «discuter des prochaines étapes».

La NAACP, la plus grande organisation américaine des droits civiques, a exhorté ses partisans à signer une lettre demandant au procureur général Eric Holder de déposer des plaintes pour violation des droits de l'homme contre Zimmerman.

Le procureur de Floride, Angela Corey, a affirmé que «cette affaire n'a jamais concerné le racisme ni le droit de porter des armes». «Trayvon Martin avait un profil. Il n'y a pas de doute sur le fait qu'il avait le profil pour devenir un délinquant. Même si le racisme était l'une des composantes dans l'esprit de George Zimmerman», a-t-elle dit.

À l'énoncé du verdict, ce dernier a souri brièvement, mais sans laisser paraître d'émotion. Sa famille s'est au contraire montrée rayonnante dans la salle d'audience.

«Message de papa: "Toute notre famille est soulagée. Aujourd'hui... je suis fier d'être un Américain. God Bless America! Nous vous remercions pour vos prières!"», a réagi sur Twitter, son frère aîné.

«Il est évident que nous sommes aux anges avec ce résultat. George Zimmerman n'a jamais été coupable d'autre chose que de s'être défendu en état de légitime défense», a déclaré son principal avocat, Mark O'Mara.

Le jury, composé de six femmes - cinq blanches et une d'origine hispanique -, a délibéré pendant plus de 16 heures avant de rendre son verdict d'acquittement. Pour les faits dont il était accusé, Zimmerman était passible d'une condamnation à la prison à vie s'il était jugé coupable de meurtre, ou d'une condamnation à une peine maximale de 30 ans de prison, si le jury retenait le chef d'homicide.

Lors du procès, Zimmerman avait été accusé d'avoir poursuivi Martin Trayvon, qui n'était pas armé, dans une propriété grillagée à Sanford, en Floride, et d'avoir tiré sur lui durant une altercation. Ses avocats ont fait valoir la légitime défense, car le jeune Noir l'avait jeté au sol et avait commencé à lui frapper la tête contre le sol.

La mort de Trayvon Martin, en février 2012, et la remise en liberté rapide de Zimmerman, qui n'avait pas été inculpé dans un premier temps, avaient provoqué une vaste polémique et de nombreuses manifestations aux États-Unis.

Barack Obama, premier président noir des États-Unis, avait exprimé sa vive émotion: «Si j'avais un fils, il ressemblerait à Trayvon», avait-il déclaré.