« Je me présente : je suis Luck Mervil, et je change le monde ». Ainsi a débuté le discours de l'artiste québécois, qui présentait ce matin le premier village d'un genre nouveau qu'il compte développer à Haïti. Un village, explique-t-il non sans fierté, « non pas d'hier, mais de demain ».

Au lendemain du séisme qui a ravagé Haïti il y a un an, Luck Mervil avait promis de reconstruire des maisons d'un genre nouveau avec son organisme Vilaj Vilaj. Soutenu aujourd'hui par des partenaires québécois et haïtiens, Vilaj Vilaj s'apprête à démarrer, en février, les préparations à la construction d'un premier village à Paillant, près de Miragoane, en Haïti.

« On a consulté les gens sur place, les instances gouvernementales. On a été sous les tentes avec les gens, on leur a présenté le projet et demandé ce qu'ils en pensaient, explique Luck Mervil. Nous voulons réellement coopérer. Ce qu'on cherche à faire, c'est réunir les efforts, vers le bien commun. »

Pensé en concertation avec les Haïtiens, ce premier village pourra accueillir dans un premier temps 800 familles, mais les infrastructures permettront à long terme d'accueillir 25 000 habitants. Plusieurs écoles et centres de santé seront installés et des zones franches seront créées, pour permettre à des entreprises de s'installer localement.

Les conteneurs, d'abord envisagés pour construire les petites maisons unifamiliales, ont finalement été abandonnés : trop demandés, trop chers après le séisme, selon Mervil. Les maisons seront toutefois bâties à partir d'un ciment antisismique.

« L'idée, c'est de faire un vrai village, qui tienne compte de l'emploi. On ne bâtit pas une série de maisons, on veut inclure tous les éléments de développement durable. Il faut bâtir, pour qu'il y ait une dynamique locale », dit l'architecte Ron Rayside, de la firme montréalaise d'architectes et urbanistes Rayside Labossière.

Le premier village, qui pourrait être terminé dans un an et coûter 28 millions $, pourrait en inspirer d'autres. Mais Vilaj Vilaj recherche encore du financement, auprès de grandes entreprises, mais aussi des particuliers, au Québec comme en Haïti.