Un journaliste éthiopien, menacé par les autorités d'Addis Abeba après avoir été identifié dans un câble diplomatique américain diffusé par Wikileaks, a été contraint de fuir son pays, affirme jeudi le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).

C'est la première fois que le CPJ constate une conséquence directe, pour un journaliste, de la diffusion par le site spécialisé de documents secrets, d'un câble dans sa version non expurgée du nom des sources.

Le document en question cite le journaliste, Argaw Ashine, évoquant les projets du gouvernement éthiopien de fermer le principal journal indépendant du pays, indique le CPJ dans un communiqué. Ce journal, Addis Neger, a depuis disparu, poursuit-il.

Selon l'organisation de défense des médias, le journaliste a été convoqué par la police le 8 septembre, qui lui a donné 24 heures pour divulguer ses sources, faute de quoi il s'exposerait à «des conséquences non spécifiées».

À la suite de cet interrogatoire, Argawa Ashine, correspondant local pour le groupe de média d'Afrique de l'Est Nation Media Group, a choisi de quitter le pays, a ajouté le CPJ. Il aurait demandé, pour des raisons de sécurité, que l'endroit où il se trouve ne soit pas divulgué.

La mention d'un nom dans un câble «peut facilement fournir aux gouvernements répressifs une parfaite occasion de persécuter ou de punir des journalistes ou des militants,» dénonce le directeur exécutif du CPJ, Joel Simon, cité dans le communiqué.

Interrogé par l'AFP, un porte-parole du gouvernement éthiopien a rejeté ces accusations, affirmant que la loi du pays protégeait les journalistes.

«Aucun responsable ne lui a demandé de divulguer ses sources», a affirmé Bereket Simon. «D'après la loi éthiopienne, aucun responsable ne peut lui demander de révéler ses sources,» a-t-il martelé.

«Nous n'avons aucun problème à le laisser revenir,» a-t-il encore ajouté.