Désormais officiellement candidat à un second mandat, Nicolas Sarkozy s'en est violemment pris au socialiste François Hollande, favori de la présidentielle dans les sondages, l'attaquant sur un programme «qui affaiblit la France» selon lui, sans toutefois dévoiler le sien.

Sans citer nommément son principal adversaire, le président-candidat n'a visé que lui dans ses attaques, lors d'un premier rassemblement de campagne à Annecy, ville bourgeoise au pied des Alpes acquise à la droite et tremplin d'une difficile reconquête.

Il accuse son principal rival d'être un menteur invétéré, pilonne consciencieusement plusieurs de ses propositions et l'associe au bilan désastreux qu'il dresse des mesures phares pour les socialistes, comme la retraite à 60 ans, renvoyant la famille socialiste aux «vieux démons de l'idéologie».

«Quand on dit à la presse anglaise qu'on est libéral et quand on vient expliquer aux Français que l'ennemi, c'est la finance, on ment, on ment matin et soir, et ce mensonge n'est pas à l'honneur de celui qui le professe», a lancé M. Sarkozy, en référence à une interview du candidat socialiste au Guardian.

M. Hollande a aussitôt répliqué, dénonçant méthode et procédés du sortant.

«Moi je ne veux pas rester sur des pugilats, sur des phrases, sur des invectives», a déclaré le candidat socialiste sur la chaîne TF1, accusant le chef de l'État de se livrer à «des attaques qui n'ont pas de sens quand il y a en plus falsification, caricature, manipulation».

Au lendemain de sa déclaration de candidature, Nicolas Sarkozy assure vouloir «dire la vérité» à des Français sceptiques, qui accordent très majoritairement leurs suffrages à François Hollande selon les derniers sondages.

Se posant en grand réformateur, le président a égrené les chantiers de son quinquennat, de la réforme des universités à celle des retraites, pour mieux s'attaquer à son adversaire socialiste, visant certaines de ses propositions pour notamment réduire la part du nucléaire dans l'énergie ou sa promesse de renégocier le dernier traité européen sur la stabilité budgétaire.

«Quand on donne le droit de vote aux étrangers aux élections locales, (...), quand on compromet l'avenir de la filière nucléaire, on compromet notre indépendance énergétique, (...) quand on ne respecte pas la parole de la France, les engagements que la France a pris vis-à-vis de ses alliés, vis-à-vis de ses partenaires, on affaiblit la France», a-t-il lancé.

Confessant des «erreurs», il s'est cependant félicité d'avoir changé la France et s'est targué de n'avoir «jamais cédé à la pression de la rue».

«Au fond, j'ai considéré que je n'avais pas le droit de laisser les vieux démons de l'idéologie qui nous ont coûté si cher dans le passé reprendre le dessus», a expliqué le président-candidat pour justifier son engagement dans la campagne.

Près de 11 millions de Français avaient suivi sa déclaration de candidature, des milliers l'ont acclamé à Annecy, et il compte bien inverser la dynamique dimanche, avec son premier grand rassemblement à Marseille auquel assistera son épouse, la chanteuse et ex-mannequin Carla Bruni-Sarkozy.

Le défi sera de taille pour le sortant, triomphalement élu en 2007, mais donné régulièrement depuis des mois perdant avec plus de 10 points de retard face à François Hollande, tandis que la candidate de l'extrême droite Marine Le Pen reste à un haut niveau d'intentions de vote (15% à 19%).

Depuis le début de la semaine, la droite resserre les rangs autour du chef de l'État. Deux petits candidats se sont ralliés à lui et il semble grignoter des voix à l'extrême droite.

Dans sa déclaration de candidature résolument axée à droite, Nicolas Sarkozy a insisté sur sa volonté de réhabiliter la valeur du «travail» face à «l'assistanat» de gauche et de «redonner la parole au peuple par le référendum» face aux élites.

L'opposition a largement ironisé sur la prestation du président-candidat devenu candidat-président en lui renvoyant son bilan qui laisse la France avec un taux de chômage élevé (près de 10%).