La Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a appelé vendredi à une action internationale urgente pour mettre un terme à l'effusion de sang en Syrie, après des témoignages de massacres commis récemment par les troupes de Damas et leurs alliés.

Les témoignages sur plusieurs massacres autour de la ville de Banias «devraient inciter la communauté internationale à agir et trouver une solution au conflit, et s'assurer que les responsables de violations graves des droits de l'homme rendent compte de leurs crimes» a déclaré Mme Pillay dans un communiqué.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a indiqué qu'au moins 62 civils, dont 14 enfants, ont été tués dans une attaque dans un quartier sunnite de Banias plus tôt dans le mois, après le meurtre d'au moins 50 personnes dans le village voisin de Bayda.

La Haut Commissaire s'est dite «horrifiée» par ces informations «qui sembleraient indiquer qu'une campagne ciblant des communautés spécifiques, considérées comme soutenant l'opposition, soit en cours».

«Une enquête minutieuse s'impose sur chaque événement de ce type. Nous ne devons pas en arriver à ce que, dans ce conflit, l'on devienne indifférent aux massacres atroces de civils», a encore déclaré Mme Pillay.

Mme Pillay a déploré les violations des droits de l'homme en Syrie dans un conflit qui perdure depuis plus de deux ans, et qui a déjà coûté la vie à plus de 70 000 personnes.

Elle a réitéré sa conviction que «des crimes de guerre et/ou crimes contre l'humanité ont été commis» ainsi que son appel à une saisine de la Cour pénale internationale (CPI) par le Conseil de sécurité de l'ONU.

«Nous devons faire comprendre très clairement au gouvernement (syrien) ainsi qu'à l'opposition armée qu'il y aura des conséquences très nettes pour les responsables de ces crimes», a assuré Mme Pillay.

Elle s'est par ailleurs déclarée satisfaite d'un accord conclu cette semaine entre la Russie et les États-Unis sur la tenue d'une conférence internationale visant à trouver une solution politique au conflit en Syrie.

«La nature de plus en plus brutale de ce conflit rend impératifs les efforts internationaux pour mettre un terme à cette effusion de sang, mais nous devons avoir un bien plus grand sentiment d'urgence» a-t-elle précisé.

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L'armée syrienne appelle les civils à quitter Qousseir

L'armée syrienne a largué vendredi des tracts au-dessus de Qousseir, dans la province centrale de Homs, appelant les habitants à quitter la ville rebelle avant un assaut imminent, a indiqué vendredi une source militaire.

«Des tracts ont été lancés par avion sur Qousseir, demandant aux civils de quitter la ville en indiquant une route sécurisée pour l'évacuation, car l'attaque contre la ville est proche si les rebelles ne se rendent pas», a affirmé à l'AFP cette source qui a requis l'anonymat.

Les troupes syriennes, appuyées par les combattants chiites libanais du Hezbollah ont avancé en direction de Qousseir, tenue par les rebelles depuis plus d'un an.

Selon des militants, la ville, à 35 km au sud de Homs, est encerclée de trois côtés par les forces gouvernementales et 25 000 habitants s'y trouveraient encore.

La ville et ses environs sont stratégiques pour les rebelles, en raison de la proximité avec le Liban et parce que les insurgés peuvent fermer la route reliant Damas à la côte depuis Qousseir, gênant ainsi les mouvements de troupes.

Le régime avait fait de la reprise de cette ville un objectif prioritaire. Le président Bachar al-Assad avait ainsi affirmé le mois dernier que les combats dans cette région étaient la «principale bataille» menée par ses troupes.

Les militants ont affirmé que les forces du régime y sont appuyées par des combattants du Hezbollah ainsi que par des miliciens prorégime regroupés au sein des Forces de Défense nationale.

Par ailleurs, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les violence ont causé jeudi la mort de 72 personnes à travers le pays, dont 33 rebelles, 21 civils et 18 soldats.