Des attentats meurtriers ont frappé mercredi la région de Damas et l'armée a multiplié ses frappes contre les bastions rebelles, sur fond de nouvelles divergences internationales sur les moyens de régler le conflit qui a fait plus de 36 000 morts en Syrie.    

Le « bain de sang » va continuer si l'Occident persiste à demander le départ du président Bachar al-Assad, a averti Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe après une rencontre avec son homologue français Laurent Fabius qui a admis une « différence d'appréciation ».

Les désaccords restent profonds entre, d'un côté Russes, Chinois et Iraniens, des alliés du régime Assad, et de l'autre Occidentaux, Turcs et Arabes, qui appuient la rébellion et veulent un départ de M. Assad, dont la famille est au pouvoir en Syrie depuis quatre décennies.

Accentuant les dissensions, la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a affirmé que son pays voulait « aider l'opposition à s'unir fermement pour résister au régime d'Assad », et à s'élargir au-delà du Conseil national syrien (CNS), pour l'instant la principale coalition de l'opposition en exil.

Devant ces divisions qui bloquent toute action internationale concertée et toute résolution contre le pouvoir syrien au Conseil de sécurité de l'ONU, régime et rebelles se disent déterminés à se battre jusqu'au bout.

Outre les raids aériens, les bombardements de l'artillerie du régime, les combats entre rebelles et soldats et les attentats se sont multipliés ces derniers jours dans le pays.

Mercredi, au sud-est de Damas, un attentat à la bombe à Sayeda Zeinab, important lieu de pèlerinage chiite, a fait 11 morts et 39 blessés, selon l'agence officielle Sana.

Au sud-ouest de la capitale, un attentat à la voiture piégée a secoué la localité de Maadamiyat tuant une personne selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). « De nombreuses ambulances se sont dirigées vers le lieu de l'attentat et il y a eu ensuite de très violents combats », a assuré un habitant à l'AFP.

Plus de 36 000 morts en moins de 20 mois

À son tour, l'aviation syrienne a bombardé la banlieue est de la capitale, où les rebelles sont solidement retranchés, au lendemain du premier raid d'un chasseur-bombardier sur Damas même, selon l'OSDH, une organisation basée au Royaume-Uni qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins sur place.

Des avions de combat ont aussi largué leurs bombes dans la province d'Idlib (nord-ouest), sur les localités de Deir Charqi, Maar Chemcha et Maaret al-Noomane, une ville stratégique située sur l'autoroute reliant Damas à Alep.

À Alep, les rebelles ont pris position dans des usines et bâtiments à Leiramoun, un quartier du nord-ouest, selon un industriel. En outre, les familles du quartier limitrophe de Khalidiyé, tenu par l'armée, ont pris la fuite à l'approche des combats, a indiqué un autre habitant.

Dans l'est du pays, des combattants du Front al-Nosra sont engagés dans une bataille à Deir Ezzor, où l'armée tente de reprendre des quartiers rebelles et l'aviation a bombardé la ville de Mohassen, qui est selon l'Observatoire une importante place forte des rebelles.

Mercredi, les violences ont encore fait, selon un bilan provisoire de l'OSDH, 102 morts : 30 civils, 43 soldats et 29 rebelles.

Plus de 36 000 personnes ont péri dans le conflit déclenché mi-mars 2011 par la répression brutale par le régime d'un mouvement de contestation populaire, le 15 mars 2011, a indiqué l'OSDH.

Gouvernement en exil

La répression a militarisé la révolte et les violences ont dévasté le pays, poussant à la fuite des centaines de milliers de Syriens.

Face aux appels persistants de la communauté internationale à unifier les rangs de l'opposition, plus de 150 opposants syriens, dont de nombreux membres du CNS et des chefs de l'Armée syrienne libre (ASL) ont préconisé la formation rapide d'un gouvernement en exil, lors d'une réunion à Silivri, en Turquie.

« La conférence s'est accordée sur la nécessité de mettre de côté nos différences idéologiques et de créer un gouvernement en exil », ont indiqué dans un communiqué les participants. « Il prendra la forme d'un gouvernement de transition, afin d'obtenir un meilleur soutien politique de la part des pays arabes et de la communauté internationale à notre révolution ».

Enfin, le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a demandé à Berlin l'aide de l'Allemagne pour faire face au flot de réfugiés syriens, dont 105 000 se trouvent sur son territoire.