Portes blindées, passages secrets, clinique ultra-moderne et salle de contrôle: le bunker souterrain de Moatassem Kadhafi, un des fils du dirigeant libyen en fuite, donne l'impression d'une citadelle imprenable.

Cinquante pièces constituent cette installation enterrée sous une résidence de la Rue J'raba dans l'est de Tripoli, protégée par un double rempart.

«On murmurait que cela cachait une installation nucléaire et d'autres disaient que c'était la maison de Mouammar Kadhafi lui-même», indique Adel Tarbou, l'un des rebelles qui ouvrent la grosse grille de cette résidence à une équipe de journalistes de l'AFP.

À première vue, il s'agit d'une villa cossue et de sa dépendance, avec piscine, salle de sport, sauna et bar. Mais le bunker est enterré sous terre.

«Regardez l'épaisseur des portes», ajoute le rebelle en montrant un battant digne d'une salle de coffres d'une banque. Système d'aération au long des couloirs, clinique ultra-moderne, salle de communication avec télex.

«Kadhafi nous qualifiait de rats mais regardez comment vivaient les siens enterrés comme des rongeurs», ironise Adel Tarbou.

«La maison du premier ministre britannique, on la connaît, la Maison-Blanche on la connaît et elles sont normales comparées aux résidences des Kadhafi».

Mais il est formel sur l'identité de l'ancien occupant de la résidence. «On a découvert des papiers et des documents militaires de Mouatassim et une photo de l'une des ses copines qui doit être un mannequin, une Française», ajoute-t-il.

Né en 1975, médecin, et militaire de carrière, Moatassem a été formé par des officiers égyptiens. Moatassem a été promu, par son père, à la tête du Conseil de sécurité nationale en 2007. À ce titre, il dirige sa propre unité d'élite. C'était, avant le début de la révolte, le principal concurrent de Saïf Al-Islam pour succéder au colonel Mouammar Kadhafi.

Ce rebelle s'insurge contre l'obsession sécuritaire des Kadhafi. «Cela ressemble à un film de James Bond», dit-il en montrant la sophistication des systèmes de surveillance et de contrôle.

«On est en plein Hollywood et pourtant on est en Libye».

Du bunker, on peut accéder par des passerelles au jardin extérieur.

Ce genre de passage se retrouve dans la résidence d'un autre fils du clan Kadhafi, Saadi: un chalet de bord de mer avec des vitres à l'épreuve des balles doté d'un tunnel qui donne directement sur une avenue avoisinante.

Dans la ferme de Kadhafi père dans les environs de Tripoli, le dispositif de sécurité est aussi impressionnant avec des barrières électrifiées, des caméras de surveillance et un système d'alerte électronique. La ferme se trouve derrière plusieurs enceintes de sécurité.

Dans la forteresse de Bab al-Azizia, une clinique ultra-moderne a été également découverte, laissant supposer que les Kadhafi craignaient d'être blessés dans des attaques comme celle lancée contre le même complexe par les Américains en avril 1986 et pendant laquelle une fille adoptive de l'ancien homme fort de Libye aurait été tuée.

Mehdi, un Tunisien qui a rejoint la rébellion libyenne et a été de toutes les batailles contre les forces loyalistes au régime s'attarde dans la cuisine et montre une salle de communications dans le bunker de Mouatassim qui reste aujourd'hui introuvable, tout comme son père.

Adel Tarbou intervient pour dire qu'en entrant dans cette cuisine, les rebelles ont trouvé des produits alimentaires frais, ce qui laisse supposer que ses occupants ont «précipitamment quitté les lieux».