Le gouvernement Harper examine les moyens juridiques qui lui permettraient de remettre au Conseil national de transition de la Libye (CNT) une partie des 2,3 milliards de dollars appartenant au régime du dictateur libyen Mouammar Kadhafi qui ont été gelés en sol canadien.

Le Canada souhaite donc emboîter le pas à certains de ses alliés occidentaux, dont les États-Unis, la France et l'Italie, qui remettent ces jours-ci au CNT une partie de la fortune accumulée au fil des ans par le dirigeant libyen, ses proches et ses collaborateurs, a appris La Presse. Cette fortune est évaluée à quelque 110 milliards de dollars.

Le CNT a été reconnu par plusieurs pays, dont le Canada, comme le représentant légitime du peuple libyen. Ses dirigeants affirment avoir un urgent besoin de fonds pour acheter des produits de première nécessité comme des médicaments et de la nourriture.

Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni mercredi soir pour discuter du déblocage des avoirs libyens afin de venir en aide au CNT.

Les États-Unis, qui ont saisi environ 30 milliards de dollars, souhaitent débloquer 1,5 milliard dans les plus brefs délais. Mais ils se heurtent à l'Afrique du Sud, qui a demandé que l'ONU attende de savoir si l'Union africaine reconnaîtra le CNT. Une réunion devait avoir lieu à ce sujet hier à Addis Abeba, en Éthiopie.

«Nous sommes en train d'examiner toutes les options juridiques en ce qui a trait aux avoirs libyens au Canada qui ont été gelés à la suite des sanctions. Nous continuons de travailler avec nos partenaires internationaux à cet égard», a indiqué hier Chris Day, proche collaborateur du ministre des Affaires étrangères, John Baird.

Il a ajouté que M. Baird a rencontré le haut-commissaire de l'Afrique du Sud au Canada afin de plaider pour la levée des sanctions imposées par l'ONU.

«Aide urgente» demandée

Hier, à Milan, à l'issue d'une rencontre avec Silvio Berlusconi, le numéro 2 des forces révolutionnaires, Mahmoud Jibril, a demandé «une aide urgente» pour son pays, aux prises avec de grandes difficultés économiques. Le président italien a annoncé «le dégel d'une première tranche des avoirs libyens à hauteur de 350 millions d'euros», soit environ 500 millions de dollars.

À Ottawa, le ministre John Baird a rencontré hier le nouveau chargé d'affaires par intérim de l'ambassade de la Libye au Canada, nommé par le Conseil national de transition, Abubaker Karmos.

M. Baird a profité de cette rencontre pour hisser l'étendard du CNT parmi les drapeaux qui ornent le hall d'entrée de l'édifice Lester B. Pearson, quartier général des Affaires étrangères à Ottawa.

«Le Canada maintiendra des relations avec le CNT en tant que gouvernement de la Libye jusqu'au moment où le peuple libyen élira lui-même ses propres représentants», a affirmé le ministre dans un communiqué de presse.

«Le Canada exhorte tous les Libyens à entamer immédiatement un processus de réconciliation nationale. Nous appuierons les efforts déployés par le CNT pour mettre en place des réformes favorables à la gouvernance et aux institutions démocratiques. Le Canada compte reprendre les activités normales à l'ambassade du Canada à Tripoli dès que les conditions de sécurité le permettront», a-t-il ajouté.

Nouveau diplomate libyen à Ottawa

Le nouveau gouvernement libyen possède désormais un représentant officiel à l'ambassade du pays à Ottawa.

Le ministère des Affaires étrangères a officiellement accrédité Abubaker Karmos en tant que chargé d'affaires intérimaire, représentant le Conseil national de transition de Libye.

Le ministère a indiqué que le Canada «interagira» avec le conseil en tant que gouvernement de la Libye jusqu'à ce que des représentants élus soient choisis.