Le président iranien Hassan Rouhani devait rencontrer mardi son homologue russe Vladimir Poutine à Moscou pour des discussions consacrées à la coopération économique et à l'épineux dossier syrien où les deux pays sont en première ligne pour épauler le régime de Bachar al-Assad.

Il s'agit de la première visite officielle en Russie de Hassan Rouhani depuis son élection à la présidence iranienne en 2013.

La Russie et l'Iran «voient tous les deux la menace terroriste de manière identique (...) et s'opposent tous les deux au changement des frontières géopolitiques dans la région», a déclaré à la presse M. Rouhani, peu avant son départ pour Moscou.

Arrivé lundi soir dans la capitale russe, M. Rouhani s'est déjà entretenu avec le premier ministre Dmitri Medvedev, en disant espérer, lors de cette rencontre, que sa visite marquerait «un nouveau tournant» dans les relations bilatérales.

«J'espère que les mesures que nous prenons ensemble sur la scène internationale vont contribuer au renforcement de la paix et de la stabilité», a-t-il souligné, cité dans un communiqué du gouvernement russe.

Les présidents russe et iranien, dont les pays sont des alliés fidèles du régime de Damas, vont discuter «des questions régionales, notamment de la crise syrienne, et des solutions visant à y mettre fin rapidement», avait déclaré le porte-parole de la diplomatie iranienne Bahram Ghasemi à la veille de cette visite.

L'aviation russe et les milices iraniennes interviennent militairement en Syrie et ont aidé notamment les forces du régime syrien à reprendre en décembre Alep, deuxième ville syrienne. Le conflit en Syrie a fait plus de 310 000 morts depuis mars 2011.

La Russie et l'Iran ont été avec la Turquie, soutien des rebelles, parrains des négociations régime-rebelles sur la Syrie au Kazakhstan en janvier.

Mais d'après des hommes politiques syriens et des experts russes, la rivalité entre Moscou et Téhéran en Syrie, où un conflit armé a fait plus de 310 000 morts depuis mars 2011, devient de plus en plus palpable.

L'Iran chiite se targue d'être intervenu dès le début, en mars 2011. Mais c'est la Russie, entrée en action le 30 septembre 2015, qui a réussi à renverser la donne aux dépens des rebelles sur le terrain. Les deux pays ont des divergences sur le rôle de la Turquie, Moscou considérant que la victoire en Syrie passe par un compromis avec Ankara alors que Téhéran refuse cette approche.

Projets économiques

Lors des pourparlers à Moscou, «une attention particulière sera accordée aux perspectives de l'élargissement des liens économiques et commerciaux et ceux d'investissement», a indiqué le Kremlin dans un communiqué.

Accompagné de ses ministres des Affaires étrangères et du Pétrole, Mohammad Javad Zarif et Bijan Zanganeh, le président iranien doit notamment signer une dizaine d'accords de coopération économique avec la Russie, selon les médias publics iraniens.

«Nous sommes tous deux producteurs de pétrole et de gaz, mais au lieu des compétitions malsaines, nous pouvons avoir des relations très constructives», a rappelé M. Rouhani, en précisant notamment qu'il y a «plusieurs domaines pour les investissements russes en Iran dans les secteurs pétrolier et gazier».

La Russie, qui a construit pour les Iraniens la première centrale nucléaire à Bouchehr (sud), doit aussi construire neuf réacteurs nucléaires en Iran dans les années à venir. La coopération dans le domaine militaire est également au menu des discussions.

La Russie a fourni à Téhéran en 2016 le système de défense antiaérienne S-300 qui est désormais «opérationnel» après avoir été testé avec succès début mars, selon l'armée iranienne.