Les observateurs de l'ONU en Syrie ont affirmé mercredi que les troupes régulières avaient eu recours à des avions de chasse pour tirer sur la ville d'Alep (nord) où des combats opposent depuis près de deux semaines les rebelles à l'armée.

Les observateurs à Alep « ont vu hier un avion de chasse tirer » sur la deuxième ville de Syrie, a affirmé Sausan Ghosheh, porte-parole de la mission de l'ONU.

Par ailleurs, « nous avons maintenant la confirmation que l'opposition possède à Alep des armes lourdes, dont des chars », a-t-elle dit dans un courriel à l'AFP.

Les rebelles ont capturé plusieurs chars notamment lorsqu'ils ont pris la position d'Anadane, au nord-ouest d'Alep, le 30 juillet, avait constaté un journaliste de l'AFP sur place.

« Nous sommes très inquiets au sujet de violents combats à Alep. Ces dernières 72 heures ont vu un accroissement important du niveau de violence dans le sud-est de la ville, autour du quartier de Salaheddine et il y a des informations sur des victimes et des déplacement de population », a noté Mme Ghosheh, basée à Damas.

Salaheddine est un quartier d'Alep défendu par un très grand nombre de rebelles, qui y ont leur bastion.

« Beaucoup de gens ont trouvé des refuges temporaires dans des écoles et autres bâtiments publics dans des quartiers sûrs. Nous savons qu'il y a aussi une pénurie de nourriture, de carburant et de gaz », a souligné la porte-parole.

L'ONU rappelle « aux parties en conflit leur obligation de se conformer à la loi humanitaire internationale qui stipule la protection des civils et nous leur demandons d'abandonner la confrontation pour le dialogue ».

Les rebelles à l'assaut des sièges des renseignements

Les rebelles comptent s'emparer des sièges des services de renseignements à Alep, après la prise symbolique de trois commissariats dans la deuxième ville de Syrie, a affirmé mercredi un responsable insurgé.

De son côté, une source de sécurité syrienne a affirmé que « l'objectif des rebelles est de s'emparer du siège des renseignements de l'armée de l'air », qui se trouve dans le quartier de Zahra, à la périphérie ouest d'Alep.

« Cela leur ouvrirait la porte de quartiers aisés de la ville qu'ils ne contrôlent pas pour le moment », a dit cette source.

« Cela fait cinq jours qu'ils essaient de prendre ce siège, sans succès », a-t-elle ajouté.

Des militants et une ONG syrienne ont fait état depuis plusieurs jours de combats autour de ce siège.

La prise mardi par les rebelles du commissariat de Salhine, le plus important du sud d'Alep, et ceux de Bab Nairab et de Hanano, est « une petite victoire, bonne pour le moral », a affirmé à l'AFP le général rebelle Abdel Nasser Ferzat, un commandant de l'Armée syrienne libre (ASL).

« Mais le plus important, c'est la prise des sièges des moukhabarat (renseignements). Si ces sites tombent, la victoire sera possible », a-t-il ajouté.

Un correspondant de l'AFP a été témoin mardi de la prise spectaculaire par les rebelles d'un commissariat de Salhine dont le chef, un général connu pour sa participation à la répression, a été abattu par les insurgés.

La bataille se concentre depuis le 20 juillet sur Alep, capitale économique du pays, vers laquelle régime et rebelles ont envoyé de nouveaux renforts pour une bataille décisive qui devrait durer des semaines, selon une source de sécurité.

« Nous avons des milliers de combattants », a affirmé à l'AFP le chef des rebelles à Alep, le colonel Abdel Jabbar al-Oqaidi. Selon une source de sécurité syrienne, près de 4000 insurgés sont retranchés à Alep.

« Le régime dit qu'il pourchasse les "groupes terroristes". Nous lui disons que nous sommes ceux qui les pourchassent, car ce sont eux les terroristes », a-t-il affirmé, ajoutant : « nous les poursuivrons dans tout Alep jusqu'à la libération de la ville ».

L'armée régulière bombarde et mitraille les quartiers rebelles d'Alep, sans toutefois avancer sur le terrain, après un premier assaut repoussé par les rebelles le 28 juillet.

« Le moral de l'armée est au plus bas, ils savent que s'ils font entrer les chars au milieu des maisons et des habitants, il y a un risque plus grand de défections », a expliqué le responsable rebelle.

« Les soldats attendent la moindre occasion pour faire défection, dans les ruelles, c'est très facile », a-t-il souligné.

Il a affirmé que les rebelles préparaient « depuis des mois la bataille d'Alep » et qu'ils avaient attendu de « libérer » la province avant de rentrer dans la ville.

« Nous avons accéléré la bataille (lancée le 20 juillet) pour relâcher la pression sur nos frères qui combattaient à Damas », a souligné le colonel al-Oqaidi.

Composée de déserteurs et de civils qui ont pris les armes, l'ASL est équipée d'armes légères et moyennes face à des unités combattantes fidèles au régime possédant une puissante artillerie, des chars et des hélicoptères.