Les islamistes et les progressistes ont accusé les responsables électoraux égyptiens, jeudi, de remplir les bulletins de votes d'électeurs âgés ou analphabètes dans certains bureaux lors de la deuxième ronde des élections parlementaires.

Si cette allégation était confirmée, elle entacherait la crédibilité de ce qui est jusqu'à maintenant le scrutin le plus libre et le plus juste de l'histoire égyptienne moderne.

Sous le régime de Hosni Moubarak, les élections étaient systématiquement truquées, et la corruption a été l'une des principales récriminations derrière le soulèvement qui a mené au renversement du régime, en février. À la fermeture des bureaux de vote, jeudi, l'étendue du problème signalé par plusieurs partis politiques restait imprécise.

Le président de la commission électorale, Abdel-Moez Ibrahim, a qualifié les allégations de «vague de rumeurs qui visent à monter le peuple contre les juges». Il a indiqué avoir enquêté sur certains incidents et en a conclu que les juges qui supervisaient le scrutin ne faisaient qu'aider les électeurs handicapés ou analphabètes. Mais compte tenu des allégations, les juges disent maintenant aux électeurs qui leur demandent de l'aide que ce n'est pas leur rôle de le faire, selon M. Ibrahim.

«Si le peuple perd confiance en ses juges, cela mènera à l'effondrement de l'État», a dit le président de la commission électorale.

La deuxième ronde des élections concernait neuf des 27 provinces du pays, principalement des régions rurales dans lesquelles les deux principaux partis islamistes qui ont remporté la première ronde espéraient renforcer leur majorité déjà écrasante.

Le réformiste Mohammed El Baradeï, ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique et lauréat du prix Nobel de la paix, a indiqué avoir voté pour la première fois de sa vie jeudi. Face aux craintes que le nouveau Parlement soit dominé par les islamistes, il a estimé que la rédaction d'une nouvelle Constitution devait aussi impliquer de nouvelles élections.

«C'est la première étape vers la démocratie», a dit M. El Baradeï. Et au sujet des violations électorales alléguées, il a déclaré: «Ce n'est rien comparativement à avant.»

Le parti Justice et Liberté, affilié aux Frères musulmans, et le parti Al-Nour, qui représente le courant ultraconservateur, ont remporté près de 70 pour cent des sièges lors de la première ronde du scrutin, en novembre, selon un décompte établi par l'Associated Press à partir des résultats officiels.

La deuxième ronde, ainsi que la troisième ronde du mois de janvier, devrait permettre aux islamistes de consolider leurs gains, parce que les dernières phases des élections se déroulent dans des régions rurales qui sont traditionnellement plus conservatrices.

Il est difficile pour l'instant de savoir à quel point les irrégularités alléguées ont été répandues, mais il y a eu plus d'allégations de ce type pendant la deuxième ronde que pendant la première.