Partez maintenant. C'est le mot d'ordre lancé jeudi par le ministre des Affaires étrangères, John Baird, aux Canadiens qui se trouvent en Syrie.

De nouvelles sanctions de la Ligue arabe contre le régime de Bachar al-Assad sont entrées en vigueur, jeudi. Par conséquent, il y a moins de vols en partance de Damas. C'est donc dire que les Canadiens qui se trouvent dans le pays auront de plus en plus de mal à le quitter dans les prochaines semaines, a prévenu le ministre.

«Nous conseillons fortement aux Canadiens de quitter la Syrie immédiatement par tout moyen de transport disponible pendant qu'ils en ont encore la possibilité», a affirmé M. Baird.

Son ministère organisera une «évacuation volontaire» des ressortissants canadiens d'ici la mi-janvier. Ceux qui se trouvent dans le pays pourront se procurer les documents nécessaires pour partir avec plus de facilité.

Sur le terrain, jeudi, des déserteurs de l'armée syrienne ont abattu 27 soldats et membres des forces de sécurité dans la province de Deraa (Sud), selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

Au total, plus de 5000 personnes sont mortes depuis le début du soulèvement syrien et de sa répression sanglante.

Rapport accusateur

L'appel du ministre Baird est intervenu quelques heures avant la publication d'un rapport accusateur de l'organisme Human Rights Watch (HRW), qui révèle que des commandants syriens ont ordonné d'ouvrir le feu aveuglément sur des manifestants non armés.

L'organisme a interrogé une soixantaine de soldats qui ont déserté l'armée, et ceux-ci ont cité le nom de 74 officiers militaires et de renseignement «qui auraient ordonné, autorisé ou toléré des opérations de grande ampleur de meurtres, de torture et des arrestations illégales», affirme HRW.

Les soldats disent avoir eu pour ordre de mettre fin aux manifestations «par tous les moyens nécessaires», selon HRW.

L'un des déserteurs a relaté: «Le commandant de notre régiment, le brigadier général Ramadan Ramadan disait: "Ayez recours à des tirs nourris, personne ne vous demandera d'explications." Normalement, nous devons économiser les balles, mais cette fois, il a dit " Utilisez autant de balles que vous voulez."»

La France et l'Union européenne ont de nouveau condamné la conduite du régime syrien, hier.

Aux Nations unies, la Russie a créé la surprise en dévoilant un projet de résolution sur la Syrie au Conseil de sécurité. Le pays s'était pourtant opposé à toute résolution condamnant la répression du régime jusque-là. La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a indiqué que les États-Unis étaient prêts à travailler avec la Russie sur son projet, tout en précisant néanmoins que le texte contient «des éléments que nous ne pourrions soutenir».

- Avec La Presse Canadienne et l'AFP